Les Hôpitaux de Paris veulent reconquérir le coeur de leurs soignants. Mercredi, le patron de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) a présenté en interne des « pistes d’action » pour tenter de relancer le groupe hospitalier forcé de tourner au ralenti faute d’infirmières et autres professionnels de santé.
L’AP-HP fait face à une « tension inédite en matière de ressources humaines […] mais aussi à un sentiment de perte de sens et de dégradation globale des conditions de travail », note dans un document de travail Nicolas Revel , arrivé à la direction générale de l’AP-HP cet été en remplacement de Martin Hirsch .
Le groupe de 38 hôpitaux qui emploie près de 100.000 personnes, est aujourd’hui en « crise » et à dû se résigner à une « diminution importante » de son « offre de soins », constate son nouveau patron. En cette fin septembre, ce sont ainsi près de 18 % de lits (en médecine, chirurgie, obstétrique) qui sont fermés contre quelque 8 % en 2019, indique-t-on à l’AP-HP.
Hémorragie d’infirmiers
Le groupe a perdu près de 1.000 infirmiers entre juin 2021 et 2022 (hors renforts liés au Covid) et les effectifs sont au plus bas depuis cinq ans. Malgré les efforts déployés pour recruter, les manques persistent.
Pour tenter de colmater les brèches et faire repartir le paquebot de l’avant, la direction ouvre une consultation d’un mois sur des pistes de travail avant de présenter une feuille de route plus détaillée pour les douze mois à venir. Son premier objectif est d’« améliorer rapidement » le quotidien des soignants qui se plaignent – entre autres – d’êtres accaparés par des tâches administratives et d’avoir des emplois du temps qui changent tout le temps.
Pour « fidéliser » ceux qui restent et attirer de nouveaux professionnels, la direction de l’AP-HP veut mettre sur la table la question de l’organisation du travail. Les infirmiers et infirmières de l’AP-HP travaillent généralement par cycles de 7h30, mais des jeunes professionnels « souhaitent concentrer leurs jours de travail et souhaitent majoritairement des schémas en 12 heures », note le document de travail transmis en interne.
Sujet sensible
Le sujet est sensible et l’AP-HP est familière des conflits sociaux. La direction avance donc prudemment, multipliant les questions et se gardant d’apporter des réponses définitives. « Face à la diversité des aspirations, y compris parfois au sein d’un même service, il doit être possible d’introduire davantage de souplesse dans les organisations », glisse-t-elle cependant.
Autre sujet important mis sur la table : l’immobilier. L’idée, qui n’est pas nouvelle, est d’aider les professionnels de santé à trouver un logement abordable à proximité de leur lieu de travail alors que les prix immobiliers n’ont cessé de flamber dans la région parisienne ces dernières années.
L’AP-HP propose déjà des dispositifs d’aide et promet « d’augmenter fortement » son offre de logements. La direction souhaite cependant ouvrir le débat sur la question des moyens et d’autres sujets délicats. « Ne devons-nous pas assortir plus clairement l’accès aux logements financés directement par l’AP-HP d’une clause de fonctions qui remette en cause l’occupation du logement en cas de départ ? », interroge-t-elle.
L’AP-HP suggère d’actionner d’autres « leviers » pour améliorer son « attractivité » : en proposant des parcours de carrières intéressants aux infirmières, en se penchant sur des dispositifs d’intéressements collectifs ou encore en redéployant des équipes pour soulager les équipes médicales et paramédicales, soucieuses de se concentrer sur le soin. Les marges de manoeuvre sont en tous les cas réduites. Le groupe était en déficit en juillet et l’inflation promet de compliquer encore son équation budgétaire dans les prochains mois.