Les syndicats mobilisent encore contre la retraite à 64 ans mais pensent à la suite

A la veille de la nouvelle mobilisation intersyndicale contre la réforme des retraites, les leaders syndicaux participent à une réunion avec leurs homologues patronaux pour définir un nouvel agenda de discussions.


Lundi, visioconférence avec le patronat pour les cinq confédérations, mardi, manifestation pour tous. Tandis que le gouvernement s’apprête à lancer la création de France travail , avec l’adoption de son projet de loi en Conseil des ministres, l’agenda des leaders syndicaux en ce début juin résume assez bien le caractère charnière de la période pour leurs organisations.

Les huit organisations ne cessent de le marteler, elles refusent de tourner la page de la réforme des retraites dans trois mois. Mais la roue tourne malgré tout, celle de l’opinion en particulier. Les syndicats savent bien qu’une remontée de la mobilisation est peu probable.

Période charnière

Si elle a bien sûr appelé « tout le monde à descendre dans la rue », la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, est d’ailleurs restée prudente dimanche sur BFMTV. « Jusqu’ici on a déjoué tous les pronostics. Cela fait six mois que l’intersyndicale est mobilisée, c’est énorme », s’est-elle félicitée. Mais, réaliste, elle a reconnu que « les suites dépendront du niveau de la mobilisation mardi et du vote le 8 juin ».

Même analyse quasiment au mot près que celle de Marylise Léon. La syndicaliste qui succédera le 21 juin à Laurent Berger à la tête de la CFDT a affirmé dans une interview à « L’Humanité », vendredi, que « la suite dépendra de ce qui se passe[ra] à l’Assemblée nationale et de la mobilisation du 6 juin que nous espérons massive ».

L’après-réforme dans toutes les têtes

La réalité est que, désormais, l’après réforme est dans toutes les têtes alors que le gouvernement a envoyé un signal très politique en publiant au « Journal officiel » les deux premiers décrets d’application de la loi du 14 avril .

Pas question d’abandonner maintenant la démarche intersyndicale, enclenchée en juillet dernier au départ sur les salaires. Tous et toutes ont conscience qu’elle a fait la force de la contestation et redoré l’image des organisations de salariés. Lors de leur dernière réunion à huit , le 30 mai, de premières pistes communes ont été dessinées sur l’organisation du dialogue social dans les entreprises et sur l’égalité femme-homme. Le travail va se poursuivre sur d’autres sujets.

Programme de négociations

C’est dans ce contexte que s’inscrit la réunion ce lundi entre leaders patronaux et syndicaux. Son enjeu est important : il s’agit de se mettre d’accord sur un programme de négociations, d’en fixer les thèmes et le calendrier. Et ce avant que l’exécutif s’en mêle.

Ce programme pourrait comporter trois blocs. Le premier serait lié à la réforme des retraites : il traiterait des dossiers de l’emploi des seniors, des transitions professionnelles et de l’usure professionnelle – dit le patronat -, de la pénibilité – disent les syndicats.

Le deuxième bloc de discussions traiterait des conditions de travail, un thème cher aux syndicats, avec y compris le compte épargne-temps universel. La négociation sur l’assurance-chômage, dont la convention doit être renouvelée à la fin de l’année, constituerait le troisième bloc, avec un enjeu particulier : l’Etat a repris la main dessus lors du précédent quinquennat et l’a profondément remodelée.

Dégager des marges de manoeuvre

Non seulement les règles d’indemnisation ont été durcies, mais a été instauré un mécanisme contracyclique avec une réduction des droits qui pourrait aller encore plus loin en cas de plein-emploi. Si on voit mal le patronat revenir dessus, les organisations de salariés peuvent tout de même espérer dégager des marges de manoeuvre.

Pour ce qui est du dialogue avec le gouvernement, renoué il y a quelques semaines , l’exécutif a un temps envisagé d’inviter les leaders syndicaux à l’Elysée mais devant leur opposition, c’est à Matignon que cela pourrait avoir lieu. Il y a quelques jours, dans « Ouest-France », Elisabeth Borne a évoqué l’organisation d’une « rencontre multilatérale dans les prochaines semaines pour arrêter [avec les partenaires sociaux] un agenda de travail dans les prochains mois ».


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