L’évolution de la consommation, la grande inconnue de 2021 pour l’économie française

Tant que la situation sanitaire est incertaine et que le risque du chômage est jugé élevé, les ménages risquent de peu dépenser et de gonfler leur épargne déjà abondante. Dans le même temps, la grande pauvreté s'accroît. Ce qui milite pour des politiques d'aide ciblées sur les plus modestes.


A volunteer (R) of the charity 'Les Restos du Coeur' distributes food to a man in need at a center of the charity in Paris on October 13, 2020. (Photo by Christophe ARCHAMBAULT / AFP)

C’est l’une des questions adressée régulièrement au gouvernement, notamment par l’opposition. Et il y a fort à parier que le début de l’année 2021 ne dérogera pas à la règle, dès la fin de la trêve des confiseurs. Ne faudrait-il pas soutenir un peu plus la demande ?

En 2020, le soutien aux ménages a en tout cas été réel. Le pouvoir d’achat par unité de consommation devrait chuter de seulement 0,9 %, soit 10 fois moins que la baisse du PIB, selon l’Insee. Ce qui signifie que le niveau de vie d’une grande partie de la population a été préservé grâce aux politiques publiques et à l’Etat-providence. « Le choc de 2020 a plus été supporté par l’Etat et les entreprises que par les ménages. Et le soutien aux ménages a été plus fort en France qu’en Allemagne », résumait récemment Olivier Garnier, le directeur général des études et des relations internationales à la Banque de France.

130 milliards d’épargne en plus

D’ailleurs, collectivement, les ménages auraient épargné cette année 130 milliards d’euros de plus qu’en 2019. Et cela devrait continuer l’an prochain puisque la Banque de France table sur le fait que les Français mettront encore de côté 70 milliards d’euros de plus. Le taux d’épargne ne devrait revenir à la normale qu’en 2022.

« C’est une réserve de croissance significative », pointe le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau. Que ce soit au printemps ou à l’automne, dès le déconfinement, les Français ont de fait consommé . Les dépenses des ménages étaient inférieures de seulement 1 % environ au troisième trimestre par rapport à leur niveau d’avant-crise alors qu’elles étaient encore plus basses de 4 % en Allemagne, 10 % en Espagne et de près de 15 % au Royaume-Uni. Sauf que, tant que la situation sanitaire reste incertaine et que le spectre du chômage plane, la probabilité que cette épargne soit dépensée rapidement est faible. Comme d’autres pays européens, la France risque de se retrouver avec une consommation en berne et une épargne surabondante.

Une explosion de la grande pauvreté

L’autre problème, c’est que ces chiffres cachent en réalité des situations très disparates. Comme dans toutes les crises, certains souffrent et d’autres, pas du tout. Le Conseil d’analyse économique a montré que 70 % de ce surcroît d’épargne a été concentré sur les 20 % des ménages les plus aisés. Les 20 % les plus pauvres, eux, ont dû s’endetter. Fin octobre, plus de 2 millions de personnes touchaient le Revenu de solidarité active (RSA) , soit 140.000 de plus depuis le début de la crise. Les suppressions d’emplois ont d’abord touché le plus précaires, ceux qui étaient en contrats courts. L’explosion de la grande pauvreté sera l’un des grands problèmes auxquels la société française sera confrontée l’an prochain.

Pour Eric Heyer, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), « les politiques vont devoir être plus ciblées. Il va falloir que l’Etat arrête d’arroser tout le monde avec un Canadair et aide les ménages les plus modestes ». Ce faisant, la puissance publique, qui a déjà beaucoup agi, ferait d’une pierre deux coups : lutter contre la pauvreté et dynamiser la consommation puisque les plus pauvres ont tendance à dépenser rapidement l’intégralité de l’argent qui leur est versé.

Actifs sans risque

Dans une situation où l’épargne est colossale et la consommation, atone, « un seul acteur peut faire le lien entre les deux et utiliser l’épargne disponible pour relancer la demande, c’est l’Etat », juge Eric Heyer. Il en a, temporairement au moins la possibilité, puisque cette épargne cherche massivement à être investie dans des actifs sans risque, au premier chef desquels, la dette publique.

Cette demande pèse sur les taux d’intérêt, devenus négatifs pour la France. Avec un bémol, la dette publique atteint déjà des sommets. Et les entreprises, affaiblies et surendettées, auront bien besoin de cette épargne à la sortie de la crise pour se remettre sur pied.


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