L’exécutif veut pousser plus de médecins à faire des gardes

Le gouvernement veut mobiliser davantage les médecins en ville et d'autres professionnels comme les sages-femmes et les infirmiers pour répondre aux demandes des patients en dehors des horaires d'ouverture des cabinets médicaux. Il souhaite instituer un principe de « responsabilité collective ».


Le gouvernement abat une nouvelle carte pour répondre aux inquiétudes sur le manque de médecins . Un amendement de l’exécutif au budget de la Sécurité sociale pousse les médecins et autres professionnels de santé en ville à se mobiliser pour assurer des « gardes » et répondre aux demandes des patients quand les cabinets sont fermés.

L’idée est « d’introduire le principe d’une responsabilité collective de participation à la permanence des soins, tant en établissement de santé qu’en ville », peut-on lire dans l’amendement déposé lundi en amont des débats en séance publique à l’Assemblée. A l’heure des déserts médicaux, les débats dans l’hémicycle promettent d’être nourris sur la question des contraintes imposées aux médecins.

Des réquisitions possibles

La mesure proposée « permettra de garantir aux Français un accès aux soins non programmés en répartissant cet effort entre toutes les structures et tous les médecins d’un territoire », déchargeant ainsi les hôpitaux publics, argue le gouvernement. Celui-ci a lancé début octobre le Conseil national de la refondation pour tenter d’apporter des réponses aux craintes sur le manque de professionnels de santé et leur lassitude.

L’amendement proposé par l’exécutif renvoie à un décret, mais le gouvernement précise que le principe d’une « responsabilité collective » est assorti « de contrôles et de réquisitions en cas de défaut de fonctionnement ». De quoi pousser les médecins en ville à s’organiser aux mieux pour les gardes qui se font aujourd’hui sur la base du volontariat et ne permettent pas systématiquement de répondre aux besoins.

« Sur 95 % du territoire, la permanence des soins le week-end et les jours fériés fonctionne » temporise Luc Duquesnel, généraliste et membre de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF). « Il ne faut pas qu’il y ait d’obligation individuelle, déclare Franck Devulder, spécialiste et président de la CSMF, il faut s’adapter à chaque territoire et il faut y mettre les moyens », ajoute-t-il, soucieux de la rémunération des gardes.

La rémunération en question

Le gouvernement propose par ailleurs que les Samu-centres 15 ou les « services d’accès aux soins » puissent rediriger les patients vers d’autres professionnels que les médecins comme les infirmiers et les sages-femmes. Ces préconisations font écho à celles prévues pour permettre aux services d’urgence de passer l’été . « Je suis plutôt satisfait », réagit Daniel Guillerm, président de la Fédération nationale des infirmiers, pour qui le gouvernement propose une « boîte à outils » pour gérer les situations selon les territoires.

« Quand il y a un manque de médecins, c’est bien d’utiliser les ressources des professionnels de santé qui sont là », relève Philippe Vermersch, du Syndicat des médecins libéraux SML. Celui-ci insiste aussi pour que les gardes « soient bien payées ». Et de faire valoir que les médecins libéraux ne prennent pas de temps de récupération après une garde comme les salariés des hôpitaux.


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