La crise du commerce, plus précisément de certains segments de la consommation des ménages, se précise toujours plus abruptement, montrent les dernières statistiques de la Banque de France sur les défaillances d’entreprises. Non seulement le secteur « commerce ; réparation automobile » est celui qui connaît le nombre de défaillances le plus élevé, mais il est aussi l’un de ceux qui enregistrent la plus forte progression des faillites.
En mai, le nombre de défaillances constatées pour le commerce et la réparation automobile s’est ainsi élevé à 10.666 sur un an, en augmentation de quasiment 50 %, pour un total tous secteurs confondus de 48.051 sur un an. En outre, il a encore crû le mois dernier selon des données provisoires de la banque centrale, laquelle fait état pour juin d’un total de défaillances de 10.747, en progression de 46,2 %.
Pression
Le commerce de l’habillement souffre tout particulièrement depuis des mois de la concurrence devenue structurelle du commerce électronique, du contexte inflationniste et de la pression sur le pouvoir d’achat des ménages, mais aussi du positionnement inadapté de certaines offres – la difficulté du milieu de gamme – aux tendances de consommation.
Si la liquidation, en septembre dernier, du groupe Camaïeu , une marque grand public longtemps emblématique, a suscité un choc, la tendance ne s’est pas franchement améliorée depuis.
Le recul du marché de l’habillement devrait être cette année de 30 % en volume et de 20 % en valeur par rapport à l’année d’avant la pandémie (2019), selon une étude du cabinet Advancy. Autre illustration d’un coup de pompe persistant : la part du textile et de la chaussure est tombée à 4 % dans le budget des ménages.
Modèle économique
« Nous n’avons pas eu de rebond. Nous avons enchaîné crise Covid et inflation. Le contexte est très difficile depuis un an », confirme Yohann Petiot, le directeur général de l’Alliance du commerce, organisation professionnelle d’équipement de la personne réunissant les enseignes de la mode (quelque 26.000 points de vente).
« Notre sujet pour les magasins est de trouver un mode économique pérenne. L’inflation entraîne une baisse de la consommation et donc de nos ventes, et face à cela nous avons une hausse de nos charges avec l’augmentation des loyers et des salaires », ajoute-t-il, alors même qu’il doit désormais dresser le bilan des récentes émeutes urbaines .
Créer une banque dédiée au « retail »
Patrick Puy , spécialiste du retournement d’entreprises qui a notamment piloté une restructuration du groupe Vivarte, pointe un problème de financement : « D’une façon générale, si l’on ne veut pas tuer le commerce qui anime les centres-villes, il faut lui redonner un accès aux financements. Pourquoi ne pas créer une banque dédiée au ‘retail’, comme la FMEA que Nicolas Sarkozy avait lancée pour l’automobile ? Les villes ont aussi un rôle à jouer. On constate une grande différence entre celles qui laissent leur centre-ville accessible, qui limitent les centres commerciaux de périphérie et qui font de l’animation, et les autres », souligne-t-il.