L’inflation s’envole en France. Tirés par la hausse des coûts de l’énergie, les prix à la consommation ont bondi de 3,6 % en février sur douze mois glissants, après une hausse de 2,9 % en janvier et de 2,8 % les deux mois précédents, selon les données provisoires publiées ce vendredi par l’Insee.
Sous l’effet de l’escalade des tensions entre la Russie et l’Ukraine, et aussi des ruptures d’approvisionnement, les prix de l’énergie, en particulier du pétrole, ont continué d’accélérer, en hausse de 21% sur un an. Mais ce n’est pas la seule raison : comme en janvier, les hausses de prix se généralisent : en février, les prix alimentaires ont augmenté de 1,9 %, avec une flambée des produits frais ; les produits manufacturés, eux, ont progressé de 2,2 % comme les services. Seul le tabac enregistre un léger repli. « Une hausse de l’inflation en février était anticipée, mais pas aussi forte », observe dans une note Charlotte de Montpellier, économiste chez ING tout en jugeant qu’ «hormis les prix de l’énergie, l’inflation reste raisonnable en France à l’heure actuelle et en ligne avec l’objectif de la BCE».
Hausse du pouvoir d’achat l’an passé
Pour les Français, cette accélération des prix est néanmoins une mauvaise nouvelle. En janvier 2022, la consommation des ménages en biens, en volume, a d’ailleurs chuté de 1,5 % a indiqué, ce vendredi, l’Insee. Et ce, en dépit d’une hausse de 1,6 % du revenu disponible brut (RDB) en euros courants au quatrième trimestre 2021, qui s’explique entre autres par le rebond des prestations sociales lié au versement de l’indemnité inflation . Le pouvoir d’achat du RDB a ainsi progressé de 0,7 % sur la période et accélère de 1,9 % sur l’ensemble de l’année 2021 après avoir stagné en 2020.
L’année 2022 s’annonce plus compliquée. A 3,6 % la dynamique des prix est déjà supérieure aux prévisions. Au début du mois de février, l’institut de statistiques estimait que la hausse des prix à la consommation se situerait entre 3 % et 3,5 %, en juin, en glissement annuel. Une projection établie sur la base d’un cours du Brent stabilisé à 90 dollars, avant l’invasion russe en Ukraine .
Invasion russe
L’entrée en guerre de Moscou pourrait aggraver les choses en menaçant de faire flamber un peu plus les prix. De fait, la Russie est un très grand pourvoyeur de matières premières. Déjà, les cours du blé, de l’aluminium s’affolent, le pétrole a bondi au-dessus de 100 dollars le baril, le risque d’un emballement du marché du gaz ne peut être exclu.
« En cas de non-résolution rapide des tensions, le risque est celui d’une réduction de la croissance et d’un taux d’inflation durablement plus élevé » alerte Philippe Waechter, chef économiste chez Ostrum Asset Management.