Dans un an, Emmanuel Macron n’aura pas gagné son pari de ramener le taux de chômage à « environ » 7 % de la population active. Mais il ne l’aura pas complètement perdu non plus. Dans sa note de conjoncture publiée ce jeudi, l’Insee prévoit qu’il atteindra 8,2 % en fin d’année. Sauf remise sous cloche de l’économie, le chef de l’Etat peut espérer que la barre des 8 % soit atteinte à l’heure du bilan.
Ce serait donc 1 point de plus que son objectif, mais 1,5 point de moins qu’à son arrivée à l’Elysée, quand certains économistes ont craint un moment qu’on enfonce la barre des 10 %, voire 11 % compte tenu de l’ampleur de la crise !
La prévision de l’Insee est d’abord le fruit d’une reprise très forte du marché du travail que laissaient poindre différentes statistiques publiées ces dernières semaines . Après avoir progressé de près de 90.000 au premier trimestre, un niveau dont l’institut statistique reconnaît qu’il l’a surpris – l’emploi salarié aurait continué sur sa lancée au deuxième (+101.000), tiré par les services marchands, essentiellement dans les activités les plus concernées par la fin des restrictions sanitaires , cafés-restaurants en tête.
Terrain perdu effacé
Avec des hausses de 70.000 et 64.000 attendues sur les deux trimestres suivants respectivement, la dynamique perdra un peu de sa vigueur selon Olivier Simon, chef de la division Synthèse conjoncturelle, tout en demeurant élevée. Le rebond serait freiné par le resserrement progressif des mesures d’activité partielle, les employeurs ne pouvant plus « retenir » une main-d’oeuvre même inoccupée.
Si ces chiffres se confirment, le millésime 2021 se terminera avec 321.000 emplois salariés de plus en un an. Le tableau est un peu moins positif si l’on prend en compte l’emploi non salarié, dont les effectifs, après avoir fait mieux que résister l’année dernière, chuteraient de 40.000 cette année. En cumul, le solde reste toutefois très positif puisque l’économie française aura plus qu’effacé le terrain perdu par rapport à la situation d’avant-crise : +25.000 par rapport à fin 2019 sur l’emploi salarié, +15.000 en tenant compte des indépendants.
Assurance-chômage : Borne s’accroche
Cette embellie de l’emploi ira de pair avec le retour sur le marché du travail de milliers de personnes que la crise a découragées et donc une nette hausse de la population active. Ces deux indicateurs se compensant en grande partie, le taux de chômage poursuivrait sa stabilisation engagée sur les trois premiers mois de l’année , après avoir connu d’importants mouvements de yo-yo l’année dernière. Il se situerait en décembre quasiment au niveau de fin 2019, après pourtant une récession historique.
Tout cela conforte la ministre du Travail, Elisabeth Borne, dans sa volonté de démontrer au Conseil d’Etat qu’il s’est trompé en basant sa décision de suspendre la réforme du calcul de l’allocation des chômeurs sur le caractère incertain de la reprise économique, et en particulier de l’emploi. « Le marché du travail est très dynamique », a-t-elle insisté ce jeudi sur France Inter, promettant à nouveau de revenir « rapidement » devant la plus haute autorité administrative pour une application de la réforme « au plus vite ».