Malgré la réforme des retraites, Borne renoue avec les syndicats

La Première ministre a reçu tour à tour les leaders des cinq principaux syndicats français entre mardi et mercredi. Toujours fâchés contre la réforme des retraites, ils ont accepté d'évoquer les autres sujets qui leur paraissent essentiels, des salaires à la réforme de l'assurance chômage.


Après quatre mois de guerre de tranchées , le dialogue a repris entre le gouvernement et les syndicats. La Première ministre a reçu les dirigeants des cinq principales confédérations françaises entre mardi et mercredi et il n’y a pas eu de claquement de porte.

A l’issue de ces entretiens qui ont tous duré plus d’une heure et demie, Elisabeth Borne s’est félicitée de ces « échanges denses et longs ». « Au-delà des retraites, nous avons abordé beaucoup de sujets qui intéressent les travailleurs », a-t-elle insisté.

Une vision pas du tout partagée par la secrétaire générale de la CGT, reçue la dernière. Sophie Binet rencontrait la cheffe du gouvernement pour la première fois depuis son élection. L’entretien a donné lieu à une première passe d’armes entre les deux femmes.

Toujours fâchés

« On nous avait vendu du « dialogue social » et on a assisté à deux heures de monologue patronal », a fustigé la syndicaliste en sortant. « Je n’ai pas pu donner de fin de non-recevoir puisque j’étais dans l’écoute des sujets que la CGT, comme la CFDT, la CFTC, FO et la CFE-CGC souhaitent aborder », a répondu la Première ministre. Ambiance…

Les autres syndicalistes sont aussi toujours fâchés, mais si l’heure n’était pas à la réconciliation, ils l’ont joué moins frontal. « On a ouvert le bal, mais on n’a pas dansé », a résumé le premier reçu, Frédéric Souillot. Le numéro un de Force ouvrière a qualifié le dialogue de « franc et direct ». Il s’agissait d’« une reprise de contact », a expliqué le président de la CFE-CGC, François Hommeril.

« Ressentiment » et perte de « confiance »

Tous ont redit d’entrée de jeu à la Première ministre leur refus de tourner la page des retraites, évoquant la mobilisation du 6 juin et leur soutien à la proposition de loi du groupe Liot revenant aux 62 ans , dont il « serait inacceptable [qu’elle] ne soit pas examinée par le Parlement », a insisté le cédétiste Laurent Berger. Les syndicalistes ont aussi pointé qui l’ampleur du « ressentiment » produit par la réforme des retraites, qui la perte de « confiance » dans l’exécutif.

Un enjeu de méthode

De nombreux autres sujets que les retraites ont cependant pu cette fois-ci être évoqués. « Salaires, pouvoir d’achat, emploi des seniors, des jeunes, pénibilité, reconversion », a énuméré Elisabeth Borne. Trois autres sujets sensibles ont aussi été cités par tous : la mise sous conditionnalité des aides aux entreprises, la réforme de la représentation du personnel de 2017 et celle de l’assurance-chômage. Avec aussi un enjeu de méthode.

« Les syndicats ont fait part de leur souhait de laisser toute sa place au dialogue social » et donc de « ne pas avoir de cadrage trop strict du gouvernement », a souligné la Première ministre après ses entretiens. « J’ai pu leur confirmer qu’on était tout à fait dans cet état d’esprit », a-t-elle affirmé : « Comme nous le ferons sur le partage de la valeur, nous nous engagerions à retranscrire fidèlement et intégralement les accords qui pourraient être trouvés entre les partenaires sociaux ».

Elle ne l’a pas cité, mais cela concernait bien sûr au premier chef l’accord qui vient d’être négocié sur les maladies professionnelles et les accidents du travail qui prévoit notamment de donner les clés de la branche aux partenaires sociaux.

Réunion tripartite

La perspective d’une réunion tripartite Etat-syndicats-patronat pour s’accorder sur un agenda social a été évoquée avec plusieurs dirigeants syndicaux. L’hypothèse qu’elle se tienne à l’Elysée ne va toutefois pas de soi. « L’organisation d’une photo de classe des syndicats avec le professeur Macron avant le 8 juin », c’est non, a déjà prévenu Sophie Binet, réclamant des annonces concrètes et non un calendrier. « Elle n’est pas la seule à ne pas voir d’intérêt à aller à l’Elysée… », ajoute un de ses homologues.

Tous les leaders syndicaux, sauf celui de la CFE-CGC qui n’en est pas membre, vont se retrouver à Berlin pour le congrès de la Confédération européenne des syndicats. L’occasion de peaufiner leurs stratégies alors que la semaine prochaine, Elisabeth Borne doit recevoir les dirigeants patronaux.


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