Malgré l’adversité, la croissance française devrait tenir bon

La Banque de France prévoit une hausse du produit intérieur brut (PIB) comprise entre 0,1 % et 0,2 % au troisième trimestre.


Avec pour toile de fond une inflation toujours robuste, des taux d’intérêt élevés et le ralentissement de l’activité dans la zone euro, les perspectives économiques s’assombrissent dans l’Hexagone. Les indicateurs de conjoncture sont d’ailleurs partout orientés à la baisse. Mais la Banque de France ne voit pas l’avenir en noir. « Contrairement à d’autres indicateurs, nos enquêtes suggèrent qu’il n’y aura pas de retournement marqué de la conjoncture et encore moins de récession », assure Olivier Garnier, le chef économiste de l’institution.

Dans sa dernière note publiée, elle attend au troisième trimestre, une hausse du produit intérieur brut (PIB) comprise entre 0,1 % et 0,2 % – une estimation proche de celle livrée la semaine dernière par l’Insee (0,1 %) -, après un rebond surprise de 0,5 % lors des trois mois précédents.

Ralentissement dans les services

Selon son enquête réalisée entre le 29 août et le 5 septembre 2023, en août, l’activité a crû dans les services ainsi que dans le bâtiment mais a légèrement reculé dans l’industrie. Les chefs d’entreprise anticipent une progression dans tous les secteurs en septembre, avec néanmoins un ralentissement dans les services. Les activités de loisirs et de services à la personne seraient même en net repli. Dans l’industrie, les stocks sont toutefois jugés élevés et les carnets de commandes inférieurs à la moyenne. Les prochains mois s’annoncent également plus difficiles dans le gros oeuvre.

Le sondage confirme en revanche un retour à la normale sur les chaînes de production après les vives tensions provoquées par la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine. Ce qui devrait contribuer à la décélération des hausses de prix. La Banque de France constate qu’en août, les industriels ont d’ores et déjà été plus nombreux à baisser leurs tarifs qu’à les relever. Si les augmentations l’emportent dans l’habillement-textile ou l’aéronautique, ce n’est pas le cas dans l’industrie chimique ou du bois-papier.

Dans le secteur agroalimentaire sous le feu des projecteurs , les entreprises ont aussi été plus enclines à diminuer leurs tarifs qu’à les relever. Ce qui est « relativement nouveau », souligne-t-elle.

Nouvelles prévisions

La conjoncture reste toutefois fragile. Les risques géopolitiques demeurent élevés, des incertitudes sur l’évolution du marché de l’énergie et l’impact du resserrement monétaire sont fortes. Le sursaut inattendu du PIB au deuxième trimestre doit néanmoins conduire la Banque de France à revoir « un peu à la hausse » sa prévision de croissance pour l’ensemble de 2023 jusqu’ici fixée à 0,7 %.

Selon la Commission européenne , la France devrait faire mieux que la moyenne de la zone euro cette année avec une hausse du PIB de 1 % (contre 0,8 %) – ce que prévoit Bercy à ce stade. L’économie tricolore progresserait en revanche à un rythme inférieur à la moyenne en 2024, à 1,2 % contre 1,4 %.

Ce jeudi Bercy dévoilera les nouvelles projections qui seront retenues dans le projet de loi de finances pour 2024. Certains instituts privés ou conjoncturistes de banque affichent déjà une vision nettement moins optimiste de l’avenir. BNP-Paribas, par exemple, s’attend à un repli du PIB au troisième trimestre et à une stagnation au quatrième. La croissance serait ainsi limitée à 0,7 % en 2023. Elle ne repartirait que progressivement en 2024 pour atteindre 0,5 % sur l’ensemble de l’année.


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