Ca se confirme : l’économie française a tourné un peu mieux en avril qu’en mars . Les entreprises se sont adaptées aux nouvelles contraintes sanitaires et certaines ont repris une activité malgré le confinement . Ainsi, la Banque de France estime que le PIB d’avril a reculé de l’ordre de 27 % alors que, lors des deux semaines de confinement en mars, la production avait chuté de 32 %. Dans l’industrie, notamment, le taux d’utilisation des capacités de production était de 35 % à peine en mars. Il est remonté à 46 % en avril, ce qui reste évidemment extrêmement faible. Dans quasiment tous les secteurs, l’activité a remonté très légèrement. A l’exception de l’automobile, restée presque à l’arrêt.
Un lent redémarrage
Toute la question est de savoir à quelle vitesse le tissu productif français va redémarrer puisque la phase de déconfinement a commencé cette semaine. Ce nouveau départ va se faire lentement . C’est en tout cas ce que laisse entendre François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France. Ce mardi matin sur France Inter, ce dernier a jugé que « nous avons en un mois, de fin mars à fin avril, déjà regagné 5 points de taux d’activité, nous sommes passés de -32 points à -27. L’ambition que nous pourrions avoir pour fin mai, c’est de regagner encore une dizaine de points d’activité ».
En clair, la perte de production entre le 11 mai et la fin du mois se réduirait à 17 %, ce qui reste élevé. Les prévisions du Trésor sont du même ordre, jusqu’à septembre. Comme le dit Bruno Cavalier, le chef économiste d’Oddo BHF, « le confinement et la sortie du confinement ne sont pas des chocs symétriques : l’un fut soudain, l’autre sera graduel ».
Dans leur dernière étude, les économistes de Goldman Sachs prévoient une chute du PIB de 15 % au deuxième trimestre par rapport au précédent, après un recul de 6 % sur les trois premiers mois de l’année. Le rebond serait progressif puisqu’au troisième trimestre, le PIB ne grimperait que de 7 %. Sur l’année, la richesse nationale produite serait alors inférieure de 13 % à celle produite en 2019.
Passer à une aide publique en fonds propres
Les difficultés risquent donc de durer alors même que la puissance publique devra peut-être se montrer moins prodigue à moyen terme, notamment pour soutenir les entreprises. Selon François Villeroy de Galhau, « il va falloir passer d’un effort en trésorerie, qui était général, à un accompagnement en fonds propres, en capital, qui visera les entreprises qui en ont besoin. Ce n’est pas la peine de mettre des fonds propres publics dans des entreprises qui n’en ont pas besoin, mais aussi dans des entreprises qui ne seraient pas viables : sinon, cet argent ne servirait à rien ». Le gouverneur de la Banque de France estime donc que l’action publique va devoir devenir « sélective ». A n’en pas douter, c’est un des défis qui attend Bercy dans les prochains mois.