Si elle est élue présidente de la République, Marine Le Pen exonérera d’impôt sur le revenu «tous les jeunes jusqu’à 30 ans», a-t-elle assuré ce mardi matin, confirmant des propos de Jordan Bardella, le n°1 du Rassemblement national, dimanche sur BFMTV. De même, les personnes dans cette classe d’âge qui créent leur entreprise seront exonérées d’impôt sur les sociétés.
«80% de nos jeunes partiraient si on leur proposait un emploi mieux payé à l’étranger, a donc assuré ce mardi matin Marine Le Pen sur France Inter. Je ne veux pas qu’ils partent, je veux qu’ils construisent des entreprises, qu’ils s’installent avec leurs familles et envisagent leur avenir en France.» Et d’assurer que cette mesure concernerait tous les jeunes sans aucune exception, y compris un multimillionnaire comme le footballeur Kylian Mbappé.
«C’est une mesure de soutien à la jeunesse, s’était justifié Jordan Bardella sur BFMTV dimanche. 160.000 jeunes quittent notre pays, chaque année, car ils ne trouvent plus, en France, la possibilité de vivre et de travailler». La mesure coûterait «deux milliards d’euros par an», et l’exonération d’impôt sur les sociétés serait effective «pendant cinq ans», avait précisé le représentant. Interrogé sur une possible condition de ressources pour avoir accès à ces dispositifs, le patron du parti avait pourtant indiqué qu’un «système de fiscalité particulier» sera parallèlement mis en place pour que les «ultrariches», y compris parmi les jeunes, soient taxés davantage. Un dispositif a priori balayé par Marine Le Pen trois jours plus tard.
Marine Le Pen avait déjà annoncé ces pistes le 1er mai dernier. Soucieuse d’augmenter «l’activité des jeunes en France», la candidate à l’élection présidentielle proposait alors d’ouvrir à toute personne de moins de 30 ans qui créera son entreprise une dotation en fond propre, égale à son propre apport. Elle proposait également une «exonération totale d’impôt sur les sociétés et d’impôt sur le revenu, sur cinq ans et sur tout le territoire».
Une mesure attractive politiquement
Au-delà de l’aspect économique de la mesure, qui vise, selon Jordan Bardella, à renforcer l’attractivité de la France et à soutenir les plus jeunes, ces propositions doivent également avoir un effet politique : s’attirer les faveurs d’un électorat déjà en partie séduit par le Rassemblement National. «Marine Le Pen sera aussi la candidate de la jeunesse», a ainsi avancé le président du Rassemblement national, qui a rappelé que les jeunes ont «beaucoup» voté pour la candidate aux élections précédentes.
En 2017, lors du premier tour de la présidentielle, les 18-34 ans avaient d’abord accordé leurs voix à Marine le Pen, puis à Jean-Luc Mélenchon et à Emmanuel Macron. Dans le détail, selon l’institut BVA, les primo-votants, âgés de 18 à 24 ans, avaient favorisé Jean-Luc Mélenchon puis Marine Le Pen. À l’inverse, les jeunes âgés de 25 à 34 ans avaient préféré les candidats de la France insoumise et du Rassemblement National, à égalité en première position devant le futur président de la République.
Pour 2022, un récent sondage Odoxa a souligné qu’Emmanuel Macron était le candidat favori des 18-34 ans, suivi de Marine Le Pen. Cette dernière, à 5% derrière son opposant de 2017, reste loin devant le troisième candidat, Jean-Luc Mélenchon, crédité de 13% d’intentions de vote seulement. En outre, les jeunes votant pour la candidate RN sont les plus nombreux à se dire sûrs de leur choix. Promettre aux jeunes une exonération d’impôt est donc aussi un moyen de séduire de nouveaux électeurs potentiels, à l’approche des élections.