Médicaments : comment le gouvernement veut limiter les pénuries

L'exécutif envisage de conditionner, dans certains cas, la délivrance d'antibiotiques à la réalisation d'un test de dépistage en pharmacie. La mesure serait introduite dans le prochain budget de la Sécurité sociale, présenté à la fin du mois.


Le gouvernement cherche à muscler son arsenal contre les pénuries de médicaments. Pour limiter ce phénomène en plein essor ces dernières années, et désormais bien connu des Français, il veut notamment lutter contre les prescriptions inutiles d’antibiotiques.

Selon nos informations, l’exécutif envisage de généraliser les tests de dépistage ou tests rapides d’orientation diagnostique (Trod) en cas de pénuries, grâce à une mesure dans le prochain budget de la Sécurité sociale, présenté à la fin du mois.

Concrètement, avant de se voir délivrer des antibiotiques en pharmacie, les patients devraient d’abord vérifier, grâce à un test, que leur maladie est bien d’origine bactérienne et non virale. Les médecins seraient ainsi amenés à prescrire des antibiotiques en les conditionnant à la réalisation d’un test.

Envolée du coût des médicaments

Le gouvernement a déjà indiqué, à la fin du mois d’août, qu’il comptait accroître le recours aux Trod. L’objectif affiché jusqu’ici était de « mieux maîtriser » les volumes de médicaments prescrits plutôt que d’agir seulement sur les prix payés aux laboratoires pour contenir l’envolée du coût des médicaments pour la Sécurité sociale. Le gouvernement pourrait cependant faire d’une pierre deux coups en mettant également en avant l’intérêt des tests pour lutter contre les pénuries.

En hausse depuis plusieurs années et marquées l’hiver dernier, avec notamment des difficultés d’accès à un antibiotique phare tel que l’Amoxicilline, ces pénuries ont conduit le gouvernement à identifier quelque 450 médicaments critiques, à promettre des mesures de relocalisations et à acter des coups de pouce ponctuels sur les prix payés aux industriels.

Discussions houleuses avec les médecins

La perspective de nouvelles difficultés d’approvisionnement cet hiver a de quoi pousser le gouvernement à encourager le recours aux tests. Depuis l’été 2021, les pharmaciens peuvent en réaliser pour dépister les angines d’origine bactérienne mais leur utilisation est loin d’être entrée dans les moeurs, a souligné un rapport remis cet été à la Première ministre, Elisabeth Borne.

Alors que ces tests sont recommandés par la Haute Autorité de santé (HAS) et présentés comme des moyens de lutte contre l’antibiorésistance, seulement 1,2 million ont été commandés par les généralistes pour 9 millions d’angines traitées. Et un grand nombre d’officines ne proposaient pas de Trod au printemps 2023, relevait le même rapport sur la régulation du médicament.

Sachant que « d’autres tests arriveront sur le marché dans d’autres pathologies », ses auteurs ont recommandé à l’exécutif « d’envisager » de conditionner la délivrance d’antibiotiques pour les angines à la réalisation d’un test chez le pharmacien. Et ce, « à partir de 2025 » s’il n’y a pas « d’amélioration substantielle » dans le recours aux Trod d’ici à l’été prochain.

Reste à savoir comment réagiront les médecins à l’annonce d’une mesure touchant leurs prescriptions alors qu’ils sont déjà très remontés contre les contrôles réalisés sur les prescriptions d’arrêt de travail par l’Assurance Maladie. Les relations entre les syndicats de généralistes et les autorités ont été orageuses ces derniers mois sur fond de revendications sur les prix des consultations. Après l’échec des négociations entre l’Assurance Maladie et les syndicats de médecins sur la convention les liant à la Sécurité sociale, les discussions sont censées reprendre, a priori le mois prochain.


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