Nucléaire : quelle stratégie pour EDF afin d’augmenter sa production ?

Le premier fournisseur d’électricité européen veut redresser ses finances, plombées par une dette sans précédent, après une année 2022 catastrophique.


Steam rises from the cooling towers of the Bugey nuclear power plant in Saint-Vulbas, central France, on July 20,2023. (Photo by OLIVIER CHASSIGNOLE / AFP)


Redresser les finances. Le mot d’ordre a été donné. Après avoir enregistré en 2022 l’une des pires pertes de l’histoire de la Bourse de Paris – 17,9 milliards d’euros – EDF tente d’assainir ses comptes, plombés par une dette sans précédent, qui s’établit à 65 milliards d’euros.

Et pour ce faire, l’énergéticien mise avant tout sur une augmentation de sa production. Un véritable défi pour l’entreprise, dont la production de nucléaire est tombée au plus bas depuis 30 ans en 2022 (270 térawattheures, TWh), et qui s’est fixée l’objectif d’atteindre les 400 TWh d’ici à 2030.

Optimisation de la gestion des arrêts obligatoires

Pour y parvenir, le premier producteur et fournisseur européen d’électricité dispose de plusieurs outils. Au premier rang desquels, l’optimisation de la gestion de ses arrêts obligatoires. Et pour cause, chaque année, le parc nucléaire constitué de 56 réacteurs connaît en moyenne 43 arrêts pour des chargements de combustible ou des visites de maintenances et contrôles de plus ou moins grande ampleur.

Dès lors, “la nécessité de mieux maîtriser” ces arrêts, et d’”améliorer la performance” durant ces périodes est “encore plus cruciale” dans ce contexte de “charge d’activité particulièrement importante”, fait valoir la direction mercredi 15 novembre lors d’une conférence de presse.

D’autant qu’avec les nombreux travaux entrepris sur le parc nucléaire afin de prolonger la durée de vie des centrales, EDF se trouve à un moment historique” et doit faire face à “une charge industrielle […] extrêmement élevée”.

“L’Autorité de sûreté nucléaire nous a demandé de faire en sorte que nos réacteurs, qui ont été conçus il y a 40 ans, atteignent un niveau de sûreté aussi proche que possible” de ceux des EPR, explique le directeur de la Division Nucléaire, Etienne Dutheil. Et de préciser : “Concrètement, cela se traduit par des volumes de modifications, d’ajout et de remplacement de matériel” qui sont “six fois plus importants” qu’il y a une quinzaine d’années.

Durée de cycle de production, augmentation de la puissance

L’allongement la durée du cycle de production de réacteurs de 900 MW alimentés au MOX (uranium appauvri associé à du plutonium issu de combustible retraité), figure également parmi les priorités du groupe. Avec l’objectif de le passer de 12 à 16 mois à partir de 2028. Une façon de réduire la fréquence des arrêts pour chargement de combustible.

En outre, EDF table sur l’augmentation de la puissance de certains de ses réacteurs à partir de 2027. Et espère pouvoir augmenter “facilement de 30 à 40 MW” la puissance jusqu’à 13 réacteurs de 900 MW.

Création d’une “task force”

Des initiatives dont le succès repose en grande partie sur la mobilisation d’une “task force”, capable de se déployer en appui des sites à l’arrêt. Une réorganisation de la production est également prévue. Le soudage, ainsi que l’ouverture-fermeture de cuve à combustible, devrait notamment être réinternalisés. L’énergéticien a également adopté une approche standardisée de la programmation des travaux.

D’après EDF, ces aménagements auraient déjà commencé à faire leur preuve. Illustration de la direction : le jalon clé du déchargement de combustible est effectué à temps dans 70 % des cas, contre moins de 3 % en 2019, fait valoir la direction, qui a confirmé mercredi ses objectifs d’atteindre les 300 à 330 TWh cette année, les 315-345 TWh en 2024 et 335-365 TWh en 2025. Ce, en excluant l’EPR de Flamanville, dont le démarrage est prévu pour le premier trimestre 2024.


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