Ils sont 2 millions, actuellement, à devoir présenter un passe sanitaire pour travailler. Demain, l’obligation concernera-t-elle l’ensemble des salariés ? C’est le scénario avancé par le ministre de la Santé samedi. Le sujet sera au coeur d’une discussion ce lundi entre la ministre du Travail, Elisabeth Borne, et les partenaires sociaux, qu’elle a appelés en fin de semaine.
Une rencontre aura également lieu mardi entre Amélie de Montchalin, ministre de la Fonction publique, et les fédérations de fonctionnaires sur le même sujet. « Ce sera une consultation sur toutes les mesures de freinage possible. Tout est ouvert et nous tiendrons compte de l’avis des partenaires sociaux », précise-t-on dans l’entourage de la ministre du Travail.
De leur côté, on ne se fait pas beaucoup d’illusions. Comme le passe vaccinal dans les lieux de loisir, le passe sanitaire en entreprise est « une manière déguisée de pousser les récalcitrants à se faire vacciner » et « la décision est prise », affirme l’un d’eux.
Les syndicats pas favorables
Les syndicats sont réticents. Ils rappellent qu’il existe peu de foyers de contaminations sur les lieux de travail. Et que l’absence de passe induit une suspension du contrat de travail. « On n’est pas favorable à l’instauration d’une obligation de passe sanitaire », explique-t-on à la CFDT. Renvoyant au respect du secret médical et au problème de la sanction, la centrale estime que « le vrai sujet est l’obligation vaccinale » et qu’il faut travailler au renforcement des mesures de précaution, notamment du télétravail.
« Il faut convaincre les derniers réfractaires, parmi lesquels ici ou là des salariés », estime Yves Veyrier, de Force ouvrière. Mais « plutôt que de sanctionner, il faut faire du positif », ajoute-t-il, citant l’exemple de l’entreprise Brocéliande, où FO a négocié une prime de vaccination de 200 euros. Hostile au passe sanitaire en entreprise, François Hommeril, président de la CFE-CGC, considère lui qu’il « est inapplicable ».
Le patronat, quant à lui, s’affirme « non demandeur », mais s’y pliera. « La priorité des priorités est d’assurer la continuité de l’activité », explique-t-on à l’U2P, et donc d’éviter de nouvelles fermetures, alors que les boîtes de nuit et les salons sont déjà touchés.
Des problèmes très concrets
L’inquiétude est en revanche forte quant aux modalités d’application du passe sanitaire en entreprise. « Ce qui nous inquiète, c’est le côté opérationnel des choses », explique Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef. « Des problèmes très concrets se posent », confirme François Asselin, son homologue de la CPME.
Le premier porte sur la mission de contrôle de l’employeur, qui encourt actuellement jusqu’à 45.000 euros d’amende et même de la prison. « Il faut une obligation de moyens et non de résultats », estime le Medef.
Le deuxième concerne les salariés nomades, difficilement contrôlables, ainsi que les intervenants extérieurs. Enfin, comme les syndicats, les organisations patronales souhaitent faciliter la vaccination en entreprise, via la médecine du travail ou, pourquoi pas, l’intervention de médecins de ville.