Pauvreté : un tiers des foyers éligibles au RSA ne le demandent pas

A 34 % en 2018, le taux de non-recours au RSA n'a diminué que de 2 points en dix ans. Ce sont 750 millions d'euros de prestations potentielles qui ne sont pas versées.


Pauvres et sans filet de protection sociale. Plus d’un tiers des foyers éligibles au revenu de solidarité active (RSA) n’en ont pas fait la demande en 2018, selon une étude de la direction statistique du ministère de la Santé (Drees) publiée ce vendredi. Le taux de non-recours au RSA n’a donc quasiment pas diminué depuis sa création il y a dix ans, fléchissant juste de 2 points, à 34 %.

Le « versement automatique » évoqué au début du quinquennat pour régler ce problème n’a toujours pas été mis en oeuvre. Il a été éclipsé par le chantier du revenu universel d’activité qu’Emmanuel Macron semble décidé à inscrire dans son programme de futur candidat .

750 millions d’euros non-versés

Les prestations non-versées sont évaluées à 750 millions d’euros, avec un montant moyen de 330 euros par mois et par « unité de consommation » (sachant que le premier adulte pèse 1, les autres personnes de plus de 14 ans la moitié, et chaque enfant 0,3). Ce montant moyen non-perçu est proche de ce que perçoivent les ménages recourant au RSA. On peut donc supposer que les non-recourants auraient bien besoin, eux aussi, de ce minimum social.

Ces données sur le non-recours ont été calculées à l’échelle d’un trimestre. Une partie des personnes changent de situation professionnelle ou personnelle rapidement, avec des ressources qui augmentent, ce qui peut expliquer qu’elles négligent de demander le RSA. Cela peut être le cas chez des jeunes de 25-29 ans, une population dont le taux de non-recours atteint 44 %. Il en va de même pour les diplômés de l’enseignement supérieur (54 % de non-recours).

Toutefois, 20 % des ménages sont encore non-recourants après trois trimestres consécutifs d’éligibilité. Comment ces personnes frappées par la pauvreté ont-elles pu passer à côté de ce revenu de secours qui peut atteindre 565 euros par mois pour un célibataire ? Si elles en connaissaient l’existence, pourquoi ne l’ont-elles pas demandé ? Méconnaissance, découragement, peur de la stigmatisation ?

Les parents et les locataires de HLM mieux informés

En tout cas, la faiblesse relative des taux de non-recours chez les bénéficiaires d’aides au logement (18 %), d’allocations familiales (21 %) ou de prime d’activité (16 %) donne un indice : quand on ne perçoit pas déjà une aide de la CAF, on est moins bien informé sur ses droits au RSA, et moins bien aiguillé.

Par conséquent, le taux de non-recours des femmes seules avec enfant est bien plus faible (16 %) que celui des couples sans enfants (49 %), montre la Drees. De même, il n’est que de 15 % chez les locataires de HLM, alors qu’il grimpe à 33 % dans le parc privé, et jusqu’à 61 % chez les propriétaires.

Par ailleurs, le RSA a sa géographie particulière. Le non-recours est bien plus fort dans les bourgs et villages de moins de 5.000 habitants, ou au contraire à Paris (45 %) que dans les villes moyennes de 20.000 à 100.00 habitants (20 %).


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