Pour ne pas revoir les longues files d’attentes de l’automne dernier devant les stations-service, le gouvernement prend les devants. Alors que le mouvement social contre la réforme des retraites s’intensifie, il a annoncé ce mardi matin les premières réquisitions de personnel indispensable dans le dépôt pétrolier de Fos-sur-Mer, près de Marseille.
« La réquisition est valable pendant 48 heures , à compter du 21 mars. Elle concerne trois salariés par relève (5h-12h ; 12h-20h ; 20h-5h) », a indiqué le ministère de la Transition énergétique. Ce dépôt de carburant approvisionne la région PACA et l’est de la région Occitanie. « Il assure également des expéditions par oléoduc vers la région lyonnaise », ajoute le ministère.
Depuis le début des mobilisations, le gouvernement a par ailleurs a ponctuellement pioché « de manière ciblée » dans des stocks stratégiques « partout sur le territoire » depuis « début mars ». L’annonce intervient dans un contexte politique tendu, au lendemain de l’adoption de la réforme des retraites au Parlement, et à la veille d’une interview du président Emmanuel Macron sur TF1 et France 2.
12 % de stations-service à court
La moitié des stations-service des Bouches-du-Rhône manquent ce lundi d’un type de carburant, et 41 % sont à sec, selon des données publiques analysées par l’AFP. Les pénuries touchent particulièrement le Gard et le Vaucluse, où les préfectures ont décidé de limiter les ventes de carburants, jusqu’à jeudi inclus, à 30 litres par véhicule.
Au niveau national, environ 12 % des stations-service de France étaient à court d’essence ou de gazole, et 6 % à sec. Le manque de carburants touche également quelques départements de l’Ouest, comme la Loire-Atlantique ou l’Ille-et-Vilaine.
De son côté, TotalEnergies indique que « sur les 298 opérateurs postés ce matin, 36 % étaient en grève […], soit 106 personnes ». « Il s’agit bien des opérateurs sur le premier quart de la journée, et non de l’ensemble des salariés des raffineries », a précisé le pétrolier français.
Eviter les achats de précaution
Au-delà des dépôts de carburant, le gouvernement a fait débloquer dans la nuit de ce lundi à mardi le terminal pétrolier de Donges (Loire-Atlantique) qui était occupé depuis une semaine par des grévistes. L’opération a été menée « pour faciliter le déchargement d’une cargaison de gasoil ».
« Il n’y a pas de risque de pénurie de carburant au niveau national car les stocks, dans les dépôts de maillages, sont à leur maximum », indique aux « Echos » le président de l’Union française des industries pétrolières (Ufip), Olivier Gantois. Or, selon lui, seulement une dizaine de ces dépôts sur les 200 qui maillent le territoire sont actuellement bloqués.
« S’il n’y a pas d’achat de précaution, les stations-service pourront satisfaire la demande normale car l’approvisionnement par les camions-citernes se déroule normalement », ajoute-t-il. Il invite donc les clients qui ne font leur plein qu’une fois par mois, par exemple, et qui peuvent attendre deux ou trois semaines à ne pas se précipiter dans les stations. Il y aura du carburant d’ici là, assure-t-il.