Emmanuel Macron ne gagnera peut-être pas la bataille du pouvoir d’achat, c’est bien parti en revanche sur le front de l’emploi sauf si l’épidémie ou le contexte géopolitique ne viennent rebattre les cartes d’ici à l’élection présidentielle. Les employeurs continuant de fortement embaucher depuis la sortie du troisième confinement , le chômage, tel que mesuré par Pôle emploi, a en effet connu une baisse spectaculaire en 2021. C’est ce que confirment les statistiques de l’opérateur public publiées mercredi, malgré un ralentissement de la baisse constaté en décembre.
A un peu plus de 3,3 millions, le nombre de personnes sans activité en fin de mois a baissé le mois dernier de 13.200 en France hors Mayotte par rapport à novembre (-0,4 %). Le recul est nettement moins marqué que lors des mois précédents et laisse apparaître une augmentation pour les jeunes, limitée à ce stade, pour la première fois depuis avril dernier.
Si l’on regarde en moyenne sur le trimestre, le recul reste significatif, à -208.000 ou -5,9 %, par rapport au précédent, renvoyant à un plus bas depuis la même période de 2012, souligne la Direction statistique du ministère du Travail, la Dares.
En prenant encore plus de recul, on voit que la reprise, plus forte que prévu, a permis de plus qu’effacer les effets de la crise. Il en ressort que les effectifs de la catégorie A ont baissé de 520.500 sur un an (-13,6 %), ou encore de 176.100 par rapport à février 2020 (-5 %), juste avant le premier confinement. Et puisque l’heure du bilan du quinquennat est venue, Emmanuel Macron ne manquera sans doute pas de se targuer de les avoir diminués de près de 12 % depuis son élection (- 442.900), même s’il faut encore attendre fin juin prochain pour arrêter les compteurs.
2021, année atypique
En attendant, si l’on ajoute les inscrits en catégorie B, c’est-à-dire les demandeurs d’emploi qui déclarent avoir travaillé moins de 78 heures, ce qui permet d’avoir une vue plus exhaustive du chômage sévère, le chef de l’Etat peut afficher une baisse du même ordre en volume et en pourcentage, dont une large part a bénéficié au moins de 25 ans, point noir historique de la France.
Si l’on cumule avec la catégorie C (plus de 78 heures de travail déclarées dans le mois), la France comptait très légèrement moins de 5,6 millions de chômeurs fin décembre. C’est encore beaucoup, mais il faut remonter à février 2015 pour trouver pareil point bas.
« Les derniers chiffres le confirment, 2021 a été une année exceptionnelle pour l’emploi », a commenté la ministre du Travail, Elisabeth Borne, sur Twitter. Mardi, le Directeur général de Pôle emploi avait mis en avant le caractère « atypique » de l’année dernière, « très marquée par la crise sanitaire et par une reprise économique forte, plus forte qu’estimée ». A telle enseigne que le niveau de l’emploi salarié dans le privé a dépassé son niveau d’avant crise dès le troisième trimestre .
Tout n’est pas rose pour autant, du côté du chômage de longue durée notamment. Bien qu’en baisse depuis le plus haut de mars, le pourcentage des demandeurs d’emploi inscrits depuis plus d’un an reste élevé (49 % contre 51 %). Au point qu’un collectif d’une vingtaine d’associations a recueilli les témoignages d’une partie d’entre eux pour porter le débat sur la place publique.