« L’activité et l’emploi résistent. » Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a tenu un discours plutôt rassurant, ce mardi sur France Inter. « Sous réserve des évolutions à venir en juin », l’économie française devrait, selon les prévisions de la banque centrale, afficher une croissance « modérée et positive » de 0,2 % au deuxième trimestre, après avoir stagné entre janvier et mars. Une prévision similaire à celle de l’Insee, qui a indiqué la veille tabler sur une croissance de 0,25 % .
Le scénario d’une contraction de l’activité est donc écarté à ce stade. « Ce n’est pas brillant, mais après un choc comme [celui de la guerre en Ukraine, NDLR], il y a une certaine résilience de l’économie française », a-t-il souligné.
L’inflation, « préoccupation numéro un »
Selon l’enquête de conjoncture réalisée par la Banque de France entre le 27 avril et le 4 mai auprès de 8.500 entreprises, les services, libérés des restrictions sanitaires, profiteraient en mai d’un effet rattrapage. L’activité progresserait plus légèrement dans l’industrie et resterait stable dans le bâtiment du fait des désorganisations créées par la crise ukrainienne et la stratégie zéro Covid en Chine.
Les incertitudes restent nombreuses mais elles « commencent à diminuer », selon François Villeroy de Galhau. « La préoccupation numéro un des chefs d’entreprise, c’est l’inflation », affirme-t-il. Alors que la hausse des prix pourrait atteindre 5,4 % en juin, après 4,8 % en avril , elle ne devrait entamer son repli qu’au début de l’année prochaine, selon le gouverneur. D’ici à 2024, elle reviendrait autour de 2 %.
En attendant, près de la moitié (49 %) des dirigeants dans l’industrie ont augmenté les prix de vente en avril. Et 42 % d’entre eux envisagent des nouvelles hausses en mai, selon la note de conjoncture de la Banque de France. Dans le BTP, ce sont 57 % des patrons qui prévoient de relever leurs tarifs. Les services seraient en revanche un peu plus épargnés : un quart seulement des patrons envisageraient un relèvement de leurs prix.
Carnets de commandes solides
Entre la guerre en Ukraine et le retour des confinements en Chine, qui ont conduit à des blocages dans le port de Shanghai, les difficultés d’approvisionnement se sont fortement accrues dans l’industrie. Les industriels interrogés anticipent néanmoins une amélioration de leur production. Leur opinion sur les carnets de commandes est toujours largement au-dessus de sa moyenne de long terme. La flambée des prix des matières premières et des coûts de transport commencent en revanche à peser sur la trésorerie des entreprises, en particulier dans l’industrie.
« Les PME et TPE s’attendent à une nouvelle dégradation durant les trois prochains mois », indique le dernier baromètre trimestriel réalisé par Bpifrance et Rexecode. « Grâce à la politique du ‘quoi qu’il en coûte”, elles partent toutefois de très haut. La situation de trésorerie présente reste à un niveau confortable », observe Philippe Mutricy, directeur des études de Bpifrance. Toujours confrontées à des difficultés de recrutement, plus de la moitié d’entre elles envisagent d’ailleurs des hausses de salaires.