Poussée par l’alimentaire, l’inflation menace de jouer les prolongations en France

La hausse des prix a atteint 6,2 % sur un an, en février, selon l'Insee. Alors que le pic aurait dû être passé, les tensions persistantes sur les prix de l'alimentation rendent incertaines les prévisions d'inflation pour la suite.


Femme, cliente lors de courses, achats dans un supermarche, rayon produits locaux et regionaux

L’inflation continue sa progression en France. En février, les prix à la consommation ont augmenté de 6,2 % sur un an, après 6 % en janvier, selon l’estimation provisoire publiée par l’Insee mardi matin. Sur un mois, la hausse est, elle aussi, plus robuste à +0,9 %, contre 0,4 % en dépit du reflux des prix de l’énergie.

Le pic est-il enfin atteint ? Dans ses dernières prévisions publiées début février, l’Institut de la statistique avait estimé qu’ à partir du mois de mars, le rythme de la hausse des prix décélérerait enfin.

Ce début espéré d’accalmie s’expliquerait par les effets de base. Les cours du pétrole qui s’étaient envolés dans la foulée du déclenchement des hostilités russes en Ukraine se sont assagis depuis. La hausse des prix reviendrait ainsi autour de 5 % à fin juin. Un niveau toujours élevé.

« Marge d’incertitude »

En réalité, le déroulé du film n’est plus aussi évident aujourd’hui. « Il y a une marge d’incertitude dans nos prévisions d’inflation », reconnaît Julien Pouget, chef du département de la conjoncture à l’Insee.

L’alimentation est en effet devenue le premier contributeur de l’inflation, loin devant l’énergie. En février, les prix des produits alimentaires ont bondi de 14,5 % sur un an. Et alors que les négociations commerciales entre les industriels et les enseignes de la grande distribution doivent s’achever ce mercredi, de nouvelles hausses sont attendues dans les rayons. Même si Bercy écarte l’idée d’un « mars rouge », la Fédération du commerce et de la distribution a fait état en début de semaine d’ une augmentation à venir de l’ordre de 10 % .

« La pression va rester forte sur les prix alimentaires en raison de la poursuite de la propagation des chocs passés. Pour autant, les hausses à venir devraient être lissées dans le temps car les distributeurs ont sans doute des stocks à écouler. De ce fait, cela ne devrait pas créer une grande marche d’escalier sur l’inflation au mois de mars », observe Julien Pouget.

En revanche, l’inflation « sous-jacente » – qui exclut les produits à prix volatils mais intègre les produits alimentaires hormis les produits frais – pourrait être plus élevée qu’envisagé (5,7 % à fin juin) au cours des prochains mois. « Ce d’autant que les prix des services accélèrent sous l’effet des revalorisations successives du SMIC », explique-t-il. Interpellé à l’Assemblée nationale, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a promis ce mardi «des mesures» dans les prochains jours permettant de «contenir l’inflation» alimentaire précisant qu’il y travaillait «avec les distributeurs et les producteurs».

« Contrecoup du chèque énergie »

Ces nouvelles hausses de prix ne sont pas une bonne nouvelle à l’heure où la croissance dans l’Hexagone freine : le PIB ne s’est amélioré que d’un modeste 0,1 % au quatrième trimestre 2022, a confirmé l’Insee ce mardi.

Si l’économie française a bien progressé de 2,6 % sur l’ensemble de l’année 2022, la consommation des ménages, le moteur traditionnel de la croissance, n’a, elle, cessé de ralentir au fil des mois, se repliant même au dernier trimestre (-1,2 %). En janvier, un rebond a néanmoins été enregistré, nourri par les dépenses d’énergie « par contrecoup du chèque énergie », selon l’Insee, mais aussi par la reprise des achats de biens fabriqués et de produits alimentaires (respectivement +1,3 % et +0,6 %).

« La France est dans un scénario de très faible croissance. La seule chose qui lui permet de résister, c’est la dépense publique et l’épargne des ménages », estime Ludovic Subran, chef économiste du groupe Allianz, qui rappelle que « sur les six derniers mois, 250 milliards d’euros ont été dépensés en mesures de soutien ».

Un taux d’épargne à 16,6 %

Même si ce n’est pas le ressenti des Français, le pouvoir d’achat a été préservé l’an dernier par l’intervention de l’Etat, que ce soit pour limiter l’impact de la flambée des prix de l’énergie ou baisser les impôts (redevance TV, taxe d’habitation). Mesuré en unité de consommation – pour tenir compte de la composition des foyers – il ne s’est replié que de 0,2 % en 2022, un chiffre qui masque toutefois de fortes disparités.

« Le coussin des dépenses publiques pourrait limiter le reflux de l’inflation dans les prochains mois », avertit Ludovic Subran. Pour l’instant, Bercy table sur une hausse des prix de 4,2 % cette année, misant sur la fermeté de la Banque centrale européenne pour ralentir la dynamique des prix.

La dernière enquête sur le moral des ménages confirme toutefois les inquiétudes des Français sur leur niveau de vie futur. Alors que leurs revenus disponibles ont progressé de 2,5 % au troisième trimestre puis de 2,9 % au quatrième, ils ont choisi de remplir leur bas de laine : au second semestre, leur taux d’épargne s’est envolé pour finir l’année à 16,6 % du revenu brut, bien plus que les 15 % affichés en moyenne avant la crise sanitaire. Et ce n’est pas fini : en 2023, ceux qui le peuvent continueront à mettre de l’argent de côté même si l’inflation érode leur épargne.


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