Toujours plus haute. L’inflation en France a bondi de 4,8 % sur un an en avril après 4,5 % un mois plus tôt selon l’estimation provisoire publiée ce vendredi matin par l’Insee. Sur un mois, les hausses de prix ralentissent toutefois et atteignent en moyenne 0,4 % contre +1,4 en mars du fait de l’assagissement des prix des produits pétroliers et d’une hausse moindre des biens manufacturés, selon l’institut statistique.
La progression des prix dans l’Hexagone continue d’être tirée par l’envolée des cours des hydrocarbures exacerbée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Sur douze mois, les prix de l’énergie augmentent encore de 26,6 %. Mais la hausse se nourrit désormais aussi d’une « accélération des prix des services, de l’alimentation et des produits manufacturés », précise l’Insee.
Un impact évalué entre 168 euros et 421 euros
Si la France peut se targuer d’une inflation inférieure à celle de la zone euro (5,4% contre 7,5% selon Eurostat ), elle redécouvre une valse des étiquettes sans précédent depuis le début des années 1980 et qui risque de durer. Après l’entrée en vigueur des accords commerciaux entre les producteurs et la grande distribution – qui font d’ailleurs l’objet d’une renégociation -, les prix des produits alimentaires s’envolent de 3,8 %, contre 2,9 % en mars. Les produits frais flambent de 6,6 %.
A elle seule, la hausse des prix alimentaires « pourrait amputer le pouvoir d’achat des ménages de 0,4 % à 1,1 % cette année, soit entre 168 euros et 421 euros avec « un impact trois fois plus important pour les 10 % les plus modestes par rapport aux 10 % les plus aisés », ont calculé les économistes d’Asterès. Les plus démunis « dépensent chaque mois 40 % de leurs revenus dans le logement, 20 % dans l’énergie et 20 % dans l’alimentation » rappelle dans « Les Echos », Patrick Artus, conseiller économique de Natixis.
Mais les prix des services augmentent également, de 2,9 %. « Les chocs de prix se propagent sur l’ensemble de l’économie, ce qui n’est pas de bon augure », résume Philippe Waechter, directeur de la recherche économique chez Ostrum Asset Management.
Les hausses de prix conjuguées au climat d’incertitudes créé par le conflit ukrainien ont d’ores et déjà des effets tangibles sur les dépenses des ménages. En mars, la consommation a chuté de 1,3 % mettant à l’arrêt la croissance française au premier trimestre.
Chèque alimentaire
Depuis l’automne dernier, l’exécutif a multiplié les dispositifs pour aider à passer cette période difficile. Chèque énergie, bouclier tarifaire sur les prix du gaz et de l’électricité, ristourne de 18 centimes à la pompe depuis le 1er avril : les mesures ont principalement visé à limiter l’impact des hausses de prix sur le budget des foyers.
Face à l’inflation galopante, Emmanuel Macron a dû s’avancer sur de nouvelles promesses pendant la campagne présidentielle : suppression de la redevance audiovisuelle (138 euros payés par 23 millions de Français), création d’un chèque alimentaire (dont les contours doivent encore être définis et qui pourrait profiter à 8 millions de Français) ou encore mise en place d’un nouveau dispositif plus ciblé pour atténuer l’impact de la hausse du carburant.
Il s’est aussi engagé à revaloriser le point d’indice dans la fonction publique à l’été. S’agissant des salaires, seul le SMIC est indexé sur l’inflation. Ce 1er mai, il augmentera automatiquement de 2,65 % – soit une hausse d’environ 34 euros net par mois . En revanche, ceux qui sont rémunérés au-delà du SMIC ne bénéficieront pas de mesures automatiques, rappelle dans une note récente Hippolyte D’Albis, président du Cercle des économistes. Ce qui ravive déjà la question salariale.