Au début de la crise dans les raffineries TotalEnergies, la majorité a expliqué pendant des jours que “C’est une affaire privée, l’Etat n’a pas à intervenir“. Une posture avant tout politique pour ne pas avoir à se positionner sur les salaires. Un objectif : empêcher un grand débat national sur la question.
La nuance est subtile : ce n’est pas que l’exécutif ne veut pas augmenter les salaires, c’est plutôt qu’il fait tout pour éviter d’avoir à organiser une grande conférence sociale. Lundi 17 octobre, un ministre confiait ainsi à franceinfo qu'”une hausse générale des salaires serait irresponsable, cela mettrait les petites entreprises en péril”.
La logique est la suivante : augmenter les salaires, c’est augmenter le coût du travail et donc réduire la compétitivité des entreprises. C’est aussi risquer une spirale inflationniste : les prix, puis les salaires, puis les prix, etc… Deux logiques contestées, notamment par la gauche qui réclame justement l’indéxation des salaires sur les prix.
Politiquement, les primes et les aides ne sont pas perçues comme du salaire
De son côté, le gouvernement parle plus souvent de “pouvoir d’achat” que de “salaires”. Depuis plusieurs mois, il préfère ainsi distribuer des primes et des aides : le bouclier tarifaire, la ristourne à la pompe, la prime Macron, le rachat des RTT… A chaque fois, c’est de l’argent en plus pour les Français. L’exécutif permet une hausse des revenus en tournant autour du pot, sans jamais toucher au curseur “salaire”. Sauf que, politiquement, ca n’est pas du tout la même chose.
Quand la France Insoumise accuse l’exécutif de ne rien faire sur la vie chère, la majorité liste les aides. Sauf que les primes ne sont versées que dans les entreprises qui vont globalement bien. Dans les PME, c’est parfois plus difficile. Et pour beaucoup de Français, ces dispositifs ne changent pas le chiffre en bas de la fiche de paie.
Enfin, les salaires, c’est comme la météo, il y a le réel et le ressenti. A se tenir loin le sujet, le gouvernement prend le risque de ne pas le traiter au bon moment et comme pour le début de la crise dans les stations-service, d’avoir l’air de ne pas comprendre les Français.