La réindustrialisation du pays , le thème fait largement consensus dans la classe politique. Ce n’est pas pour autant que celui-ci a réussi à émerger dans une campagne présidentielle qui ne se passionne guère pour l’économie pour le moment. France Industrie, l’organisation représentative du secteur, a sonné le tocsin ce jeudi pour sensibiliser les candidats au nouveau « choc d’offre » qu’elle réclame aux pouvoirs publics malgré une situation budgétaire dégradée après la crise sanitaire.
« Nous sommes à un moment clé et le quinquennat qui s’ouvre sera décisif pour l’industrie française. Nous sommes convaincus qu’il y a une dynamique à lancer, certains diront à poursuivre selon l’appréciation que l’on a du quinquennat actuel », a souligné ce jeudi Alexandre Saubot, le président de France Industrie.
Nouveau geste fiscal
La demande la plus pressante est fiscale. « Le surcroît de charges est la principale raison à la désindustrialisation vécue depuis trente ans », a estimé le responsable patronal. Une façon de répondre à Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie, qui a récemment pointé la responsabilité des dirigeants dans les vagues de désindustrialisation constatées à partir des années 1990. « Cela n’a jamais été une volonté des industriels, mais simplement l’expression de la nécessité de survivre », a avancé Alexandre Saubot.
Comme le Medef ou la métallurgie (UIMM) , France Industrie demande donc une baisse des impôts de production de 35 milliards d’euros, qui se rajouterait à la première coupe de 10 milliards décidée à l’été 2020 par l’exécutif. Le montant réclamé paraît conséquent, au regard des comptes publics très déficitaires.
Sanctuariser le crédit d’impôt recherche
Pour France Industrie, la priorité « est de cibler les impôts à plus forts impacts sur l’industrie que sont la C3S, la CVAE et la CFE », ce qui représenterait une première étape de 17 milliards d’euros. « Sur la deuxième phase, on aurait un peu de temps pour déterminer s’il faut baisser à nouveau les impôts de production ou les charges sociales », indique Alexandre Saubot. L’UIMM réclame de son côté à la fois une réduction des impôts de production et 17 milliards de cotisations patronales en moins.
Est-ce que ce choc fiscal est compatible avec la proposition de Valérie Pécresse, la candidate LR à l’élection présidentielle, de conditionner tout geste fiscal à des hausses de salaires pour atteindre un objectif d’augmentation de 10 % sur le quinquennat ? Prudent, Alexandre Saubot avance que « s’il y a un vrai effort en matière de compétitivité pour l’industrie, tout le monde en profitera et ce sera facilement mesurable ».
France Industrie fait également des propositions pour accompagner les transitions écologique et numérique. « Notre pays a besoin d’investir dans la R&D, et parmi les outils les plus efficaces, il y a le crédit d’impôt recherche (CIR) qu’il faut sanctuariser », argue Patrice Caine, le vice-président de France Industrie, qui appelle aussi à la pérennisation de certains dispositifs du plan de relance favorisant la décarbonation de l’industrie.
Grand ministère
L’organisation milite également pour la renaissance d’un grand ministère de l’Industrie, qui aurait dans son périmètre la recherche technologique et surtout l’énergie, qui ne serait plus reliée au ministère de l’Ecologie. « Mettre politique écologique et politique énergétique dans le même ministère conduit à préempter des arbitrages qui avant étaient faits à Matignon », souligne Patrice Caine.
Enfin, France Industrie réclame un effort particulier sur le « capital humain ». Il est demandé de redonner de l’autonomie aux partenaires sociaux pour la gestion de la formation continue et d’aller vers une fusion des contrats d’alternance et d’apprentissage.