La pression monte pour multiplier les revalorisations anticipées de prestations sociales. Emmanuel Macron cherche à prouver aux Français qu’il se préoccupe de leur pouvoir d’achat et qu’il n’est pas en reste par rapport à Marine Le Pen, qui a bâti toute sa campagne sur ce thème.
Juste avant le premier tour de l’élection présidentielle, Emmanuel Macron a déjà promis d’ anticiper la revalorisation des pensions de retraite en juillet prochain au lieu de janvier 2023. Une hausse qui pourrait atteindre 4 %, a-t-il précisé lors de son déplacement lundi dans le Nord.
Cette mesure, très populaire, a été présentée comme une façon de compenser l’envolée récente de l’inflation. Comme les pensions sont indexées sur la hausse des prix constatée au cours des douze mois précédents, avec un décalage de deux mois, la revalorisation de janvier (1,1 %) apparaît, de fait, bien faible pour maintenir le pouvoir d’achat des retraités, quand l’inflation a atteint 4,5 % sur douze mois à la fin mars.
Cinq milliards en six mois pour les pensions
Deux méthodes sont envisagées, selon son entourage. La première revient à constater l’inflation d’octobre 2021 à mai 2022 et à supposer qu’elle restera du même ordre au deuxième semestre. La seconde à projeter l’inflation potentielle d’octobre 2021 à octobre 2022. Quoi qu’il arrive, en janvier, lorsque la date anniversaire ordinaire des revalorisations surviendra, il n’y aura pas de correctif à la baisse si jamais la revalorisation de juillet s’avérait trop élevée, garantit l’équipe de campagne d’Emmanuel Macron.
Sachant que 1 point de revalorisation des pensions coûte 2,5 milliards d’euros sur un an, la mesure pourrait coûter autour de 5 milliards en six mois.
Mais pourquoi s’en tenir aux seuls retraités ? L’ensemble des bénéficiaires de prestations sociales souffrent eux aussi du décalage temporel entre l’évolution des prix et l’indexation de leurs versements.
C’est notamment le cas des travailleurs modestes touchant la prime d’activité, une catégorie sociale que l’actuelle majorité cherche à favoriser parce que « le travail doit payer ». Cette prestation vient d’augmenter le 1er avril de 1,8 %, là aussi en deçà de l’inflation.
Prime d’activité et RSA
Les plus pauvres des Français, qui touchent le revenu de solidarité active (RSA), ont également bénéficié d’une revalorisation de 1,8 % en avril. Le RSA, qui n’a connu aucun coup de pouce durant ce quinquennat, pourrait être le vecteur d’un soutien ciblé au pouvoir d’achat face au renchérissement de l’énergie et de l’alimentation.
Emmanuel Macron, qui doit absolument convaincre les catégories populaires pour assurer son élection au second tour de la présidentielle, n’a pas annoncé d’extension des revalorisations anticipées aux prestations sociales autres que les retraites. Néanmoins, ce serait la suite logique. D’autant plus que le candidat se veut « à l’écoute » des demandes du terrain. Lundi, il a improvisé sur l’âge légal de départ à retraite, qui pourrait être portée à 64 ans plutôt qu’à 65 ans.
La revalorisation anticipée en juillet de l’ensemble des prestations sociales serait moins coûteuse que le geste sur les pensions. Deux points supplémentaires pour les allocations familiales et les indemnités journalières de Sécurité sociale (revalorisées en avril) reviendraient à 400 millions d’euros sur six mois. Pour le RSA, la prime d’activité, les allocations logement (APL), l’allocation adulte handicapé (AAH), le coût serait de 500 millions. Soit 900 millions au total.
Il s’agirait de dépenses ponctuelles, jusqu’à la date anniversaire des revalorisations, en janvier ou en avril. Après deux années de « quoi qu’il en coûte », ces dépenses supplémentaires demeureraient raisonnables, d’autant plus qu’au même moment, le point d’indice de la fonction publique devrait aussi être revalorisé .