Chasser à droite, puis rééquilibrer à gauche. Le 17 mars, Emmanuel Macron a déclaré vouloir rendre « obligatoire » l’exercice d’une activité de 15 à 20 heures par semaine , en contrepartie du versement du revenu de solidarité active – comme la candidate LR Valérie Pécresse, qui propose 15 heures. De quoi susciter une polémique et des critiques à gauche.
Depuis, son entourage, le gouvernement et lui-même tentent d’arrondir les angles pour faire retomber la pression et ne pas braquer les électeurs de gauche qui seront précieux lors du second tour de la présidentielle, si celui-ci oppose bien le président sortant à Marine Le Pen, comme le prédisent les sondages.
Pour autant, le camp Macron ne fait pas marche arrière. Les Français se disent très majoritairement favorables aux contreparties au RSA, selon les enquêtes d’opinion. L’exécutif se contente d’adoucir et de nuancer. Le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a précisé que situations « spécifiques » feront l’objet « d’adaptations ». « Notamment les mères célibataires, pour qui il y a des vraies complications du quotidien. Cela peut être difficile de se rendre à une formation », a-t-il expliqué sur France Info.
Selon lui, cette contrainte des 15-20 heures n’était « pas une obligation uniquement pour les bénéficiaires, mais aussi pour la collectivité publique, pour l’Etat et pour les pouvoirs publics », qui doivent « être en capacité de mettre en face de chaque bénéficiaire du RSA » ladite activité.
L’échec des politiques de réinsertion
Au bout de sept ans, un tiers seulement des bénéficiaires du RSA ont retrouvé un emploi, a rappelé le ministre, « cela peut s’améliorer et cela doit s’améliorer ».
Suite à la création par ce gouvernement du « service public de l’insertion et de l’emploi », qui devait remettre un conseiller face à chaque bénéficiaire du RSA, Pôle Emploi n’a pas réussi à fédérer les acteurs locaux – même si les départements ont commencé à investir un peu plus dans l’insertion depuis 2019 (+0,2 %), comme le souligne un rapport Igas de décembre. Cet échec explique en partie le projet du candidat Macron de remplacer Pôle Emploi par une nouvelle agence « France Travail » .
Mercredi dernier, la ministre du Travail Elisabeth Borne, dans une interview au « Nouvel Obs » parlait, elle, « d’un programme composé de différentes activités comme des formations ou des immersions en entreprise qui permettent de reprendre contact avec le monde professionnel, de préciser son projet et de le réaliser. Ce n’est pas du travail d’intérêt général », avait-elle insisté.
Un dispositif inspiré du contrat d’engagement jeune
Cette logique visant à « permettre aux gens de rebondir » se distingue selon elle de celle de Valérie Pécresse, consistant à « dire : on vous donne de l’argent, vous devez le rendre à la société ».
Les contreparties ne seraient imposées qu’aux personnes en mesure d’effectuer ces heures, avait-elle ajouté, « cela ne concerne pas les personnes qui font face à de graves problèmes de santé ou d’addiction, à des problèmes psychiques, à des difficultés de garde d’enfants ».
Le dispositif envisagé par le candidat Macron s’inspire du contrat d’engagement jeune, qu’il a créé, et qui comporte également 15 à 20 heures de contreparties. Mais comme le fait remarquer un haut fonctionnaire, « il existe aussi un contrat « jeune en rupture » avec des obligations ajustées. S’il se déplace pour un entretien, par exemple, ça peut être compté dans ses heures ».