A qui ont profité les ristournes sur le carburant accordées par le gouvernement ? Une étude de l’Insee, se penche sur le sujet. Ses conclusions remettent en question l’utilité du dispositif pour les ménages les moins aisés.
Ils sont pourtant les plus durement touchés par l’inflation. Les ménages les plus riches, qui sont aussi les plus gros rouleurs, sont en réalité les principaux bénéficiaires de ces ristournes, avance l’Institut national de la statistique et des études économiques.
115 euros de réduction
Pour rappel, l’exécutif avait mis en place au printemps une ristourne de 15 à 18 centimes TTC par litre de carburant, portée à 30 centimes en septembre-octobre, pour faire face à la hausse des prix des carburants. En moyenne, ces remises ont réduit les prix de 10,8 %, par rapport aux évolutions des prix du marché.
Elles ont ainsi permis d’éviter un coût supplémentaire de 51 à 81 euros par automobiliste. Ce montant varie toutefois en fonction des revenus des ménages. Dans le détail, pour les 25 % les plus aisés, les ristournes ont allégé la facture de 64 à 115 euros, contre 29 à 48 euros pour le quart des ménages les plus modestes. Cet allègement représente toutefois une part plus faible des revenus des ménages les plus riches.
Pour parvenir à ce constat, les chercheurs de l’Insee ont étudié les comportements de consommateurs lorsque les prix augmentent. En analysant les données bancaires de 10.777 automobilistes clients du Crédit Mutuel, les statisticiens ont observé qu’une augmentation de 1 % des prix conduit les automobilistes à retarder leurs achats. Entre septembre 2021 et janvier 2023, les volumes de carburant achetés ont ainsi diminué de 0,21 % à 0,40 % selon l’étude.
Les ménages ne réagissent toutefois pas de la même manière à la hausse des prix. Si les petits rouleurs – ceux qui dépensent 17 euros par mois en carburant- sont plus sensibles aux prix, ce sont bien les « gros rouleurs » (plus de 120 euros de carburant par mois) qui réduisent davantage leurs volumes de carburant consommés à la suite d’une augmentation des prix.
Hausse des volumes consommés
Les remises ont permis de limiter cette baisse des volumes consommés. Par rapport à une situation où les prix seraient restés à leur haut niveau de début 2022, ces ristournes ont fait augmenter la consommation de carburant de 16 à 31 litres, selon les estimations.
Cette hausse représente entre 2,2 % et 4,2 % de la consommation annuelle moyenne d’un ménage automobiliste (740 litres). Selon cette étude, les ménages automobilistes urbains ont dépensé 981 euros en frais de carburant en moyenne en 2022, contre 1.480 euros pour les ménages automobilistes vivant en zone périurbaine et 1.855 euros pour ceux vivant en zone rurale.