Réduire les inégalités d’accès à l’emploi. Cet objectif, pierre angulaire des politiques publiques propres aux quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV), peine à être atteint, pointe la Cour des comptes dans un rapport publié en juillet dernier.
Les quelque 1.514 QPV, rassemblant, au 1er janvier 2018, 8 % de la population, présentent des revenus plus bas que la moyenne nationale – tirés en grande partie des prestations sociales – et une situation de l’emploi fortement dégradée . Tandis que la part de personnes hors du marché du travail est plus élevée qu’ailleurs, le taux de chômage y est trois fois supérieur à la moyenne nationale. Près de 40 % des habitants des QPV ont moins de 25 ans.
Constat d’échec
Le défi est double : aller chercher les habitants éloignés du marché du travail, les « invisibles », mais aussi leur offrir un parcours adapté.
Plusieurs dispositifs en faveur de l’emploi cohabitent dans ces quartiers prioritaires, combinant droit commun de l’emploi et politiques spécifiques des contrats de ville comme les « emplois francs » , permettant à un employeur de bénéficier d’une aide lorsqu’il embauche un habitant résidant dans un quartier prioritaire.
Entre 2015 et 2021, les moyens affectés par Pôle emploi à ses agences ont été davantage augmentés dans les QPV que dans les autres territoires. En 2021, les dépenses de Pôle emploi en faveur des QPV s’élevaient à 703 millions d’euros pour les dépenses de fonctionnement et 252 millions d’euros pour les dépenses d’intervention.
Discriminations
Malgré les diverses tentatives de réduction des inégalités face à l’emploi mises en place ces dernières années, « les dispositifs, tels qu’ils sont aujourd’hui conçus et déployés, ne sont pas en mesure de réduire les écarts entre ces derniers [les QPV] et le reste de la population », constate la Cour des comptes.
Les emplois francs, censés inciter les employeurs à se tourner vers des profils issus des quartiers prioritaires, n’empêchent pas les discriminations : « Sauf exception, l’aide financière ne réussit pas à contrebalancer le signal négatif produit par l’adresse du candidat résidant en QPV », souligne la Cour des comptes.
En cause : une mauvaise adaptation des dispositifs aux spécificités et aux besoins des quartiers prioritaires et de leurs habitants ainsi qu’un manque d’efficience dans le déploiement de la politique de l’emploi, complexifiée par le manque de coordination entre les acteurs nationaux et locaux.
Ecouter les habitants
Pour remédier à ces lacunes, la Cour recommande notamment de faciliter l’accès des jeunes des QPV à l’apprentissage, ou d’harmoniser les conditions d’éligibilité aux dispositifs d’emploi.
« L’intégration plus systématique de l’entreprise en amont et au fil de toute démarche d’insertion et le développement de « l’aller vers », avec l’appui du milieu associatif, tout particulièrement dans le milieu sportif, constituent, avec le décloisonnement des modes d’intervention et l’écoute des habitants, les principaux axes d’amélioration de l’action publique en faveur de l’emploi des habitants des QPV », conclut la Cour des comptes.