Le gouvernement n’a pas fait d’étude d’impact de sa nouvelle version de la réforme de l’assurance-chômage . Après une première évaluation fondée sur le projet présenté aux partenaires sociaux, l’Unédic a peaufiné la sienne à partir de la version définitive du décret. Ses travaux ont été mis en ligne mercredi en fin de journée.
L’Assurance-chômage confirme ses chiffrages globaux, avec 2,3 milliards d’euros d’économies en régime de croisière. La note confirme aussi que 1,15 million de chômeurs seront impactés la première année par la réforme du calcul du salaire journalier de référence, qui sert de base à celui de l’allocation-chômage. Soit 41 % des 2,8 millions d’entrants attendus dans le régime.
2,3 milliards d’euros d’économies
La baisse de l’allocation sera inférieure à celle du SJR, évaluée à 26 %, mais est tout de même en moyenne de 17 %. Avec un impact financier plus fort sur les chômeurs « dont le rythme de travail est compris entre 57 % et 79 % » d’un temps plein, qui perdront 20 % d’allocation en moyenne.
L’Unédic examine le cas d’une personne ayant travaillé 50 % du temps avant de s’inscrire au chômage avant et après la réforme. Selon ses calculs, son SJR baisserait de plus de 40 % et son allocation de 25 %. Le gouvernement souligne que cette baisse va être compensée par un allongement de la durée d’indemnisation à due proportion. Mais l’Assurance-chômage évalue à 27 % la proportion d’allocataires qui n’en profiteraient pas car ils retrouveraient un emploi avant d’avoir consommé tous leurs droits. D’où les économies attendues.
Un demi-million de retards d’ouverture de droits
L’entrée en vigueur de la deuxième phase de la réforme sera liée au constat d’une amélioration du marché du travail évaluée à partir de deux indicateurs – ce qu’on appelle la clause de retour à meilleure fortune – qui pourrait être possible à partir de l’automne prochain au mieux. Cela autoriserait le déclenchement d’un passage de quatre à six mois travaillés au minimum pour ouvrir des droits. La mesure aurait pour effet de retarder l’ouverture des droits de près d’un demi-million de personnes, selon les chiffrages de l’Unédic : de moins d’un an et en moyenne cinq mois pour 285.000 personnes et d’un an ou plus pour 190.000 autres personnes.
L’étude confirme un impact beaucoup plus limité de la mise en oeuvre de la dégressivité pour les cadres, qui a été allégée, avec 60.000 personnes entre mars et la fin de 2022, qui rapportera cependant gros (460 millions d’euros).
Les jeunes particulièrement impactés
Selon l’Unédic, les jeunes seront particulièrement impactés par la réforme. Elle évalue à 22 % la part des moins de 25 ans dans les 2,8 millions de personnes qui ouvriront un droit à chômage entre juillet 2021 et juillet 2022 mais 30 % de ceux impactés par la réforme du calcul du SJR. Dans la première année après le durcissement des conditions d’activité de 4 à 6 mois, la proportion des moins de 26 ans parmi les personnes qui se verront ouvrir des droits à chômage est évaluée à 27 %, mais cette proportion serait de 31 % de ceux pour lesquels la réforme retarderait l’ouverture de droits de moins d’un an et 38 % de ceux pour lesquels elle serait de plus d’un an.