Réforme des retraites : près de100 % de grévistes dans des raffineries ce jeudi, selon la CGT

Plusieurs secteurs ont répondu à l'appel à la grève lancé par la CGT pour jeudi et vendredi. Les salariés de TotalEnergies comptent notamment 100 % de grévistes au dépôt de Flandres et 80 % à la raffinerie de Normandie. Des salariés de centrales nucléaires et des ports sont aussi mobilisés.


« Aller chercher encore plus de grévistes », tel est le mot d’ordre de la CGT qui mobilise ses troupes ce jeudi et vendredi contre la réforme des retraites . Le syndicat veut ainsi prolonger la manifestation massive de jeudi dernier , qui a fait descendre entre 1 million (selon le gouvernement) et 2 millions (selon les syndicats) de personnes dans les rues.

Avant la journée nationale du 31 janvier à l’appel de l’intersyndicale qui touchera tous les secteurs, la grève a donc repris dans plusieurs secteurs dont les raffineries, les centrales électriques ou encore les ports et les docks. En effet, la réforme du gouvernement, qui arrive lundi au Parlement, conduirait à la suppression des régimes spéciaux chez EDF ou Engie. Les salariés de ces secteurs devraient donc, eux aussi, attendre 64 ans pour partir à la retraite.

Forte mobilisation dans les raffineries

Les raffineries sont particulièrement touchées. Les expéditions de carburants sont bloquées vers les dépôts, avec le mot d’ordre habituel : « rien ne rentre, rien ne sort ». Chez TotalEnergies, la CGT fait ainsi état de 100 % de grévistes au dépôt de Flandres (Nord), mobilisés depuis mercredi soir, 80 % à la raffinerie de Normandie, 60 % à la bio-raffinerie de La Mède (Bouches-du-Rhône), 50 % à la raffinerie de Donges (Loire-Atlantique) et 30 % sur le site de Grandpuits (Seine-et-Marne).

« Nous pensons qu’il faut une généralisation de la grève pour toucher l’économie », indique Thierry Defresne, secrétaire CGT du comité TotalEnergies Europe. Seule manière, selon lui, de faire « reculer le gouvernement », contrairement à des mouvements de 24 heures sporadiques.

Les expéditions de produits sont interrompues au départ des sites de TotalEnergies, à l’exception de la raffinerie de Feyzin (Rhône), confirme le groupe pétrolier. Celui-ci se veut toutefois rassurant et affirme qu’il continuera à assurer les approvisionnements de son réseau de stations-service et ses clients. TotalEnergies ajoute qu’il n’y a pas de manque de carburants dans ses stations et que les stocks en dépôts et en station-service sont à un niveau satisfaisant.

Les pétroliers prévoient des actions locales avec les salariés des infrastructures portuaires, avec lesquels des manifestations communes pourraient être organisées. La fédération CGT des Ports et Docks a ainsi appelé les ouvriers dockers et les travailleurs des ports à une grève de 24 heures ce jeudi.

Actions dans le secteur de l’électricité

Chez les électriciens et gaziers, des coupures ont eu lieu dès mercredi sur des parcs éoliens et solaires dans le secteur de Montluçon, revendiquées par la CGT. Comme à chaque fois, Enedis va porter plainte. Par ailleurs, ce jeudi matin, les grévistes menaient des opérations de filtrage à l’entrée des centrales nucléaires, retardant le démarrage du travail pour les équipes de jour.

Des baisses de production dans les centrales nucléaires et les barrages sont aussi à prévoir ce jeudi et vendredi. Elles ne devraient pas provoquer de coupures de courant pour le grand public, tant elles sont encadrées par le gestionnaire des lignes à haute et très haute tension RTE. Malgré la présence de nombreux grévistes, « il n’y a pas eu beaucoup de baisses de production cette nuit », a indiqué un représentant de la CGT, faisant état de messages de sûreté de réseau « dès la fin de journée mercredi ».

RTE, chargée d’assurer la sécurité de l’approvisionnement en électricité, peut envoyer des messages de sûreté aux grévistes si elle estime que les baisses de production compromettent le fonctionnement du réseau. A charge ensuite, pour les salariés, de les respecter. « On s’interroge sur la véracité de ces messages », a indiqué un responsable syndical, compte tenu de leur publication juste avant la grève. « Si ce sont des messages pour garantir des échanges commerciaux », les assemblées de grévistes se demanderont si elles doivent « les respecter ou pas », a-t-il ajouté.

« Nous ne souhaitons (pas de) blocages qui seraient pénalisants pour l’ensemble des Français et nous n’acceptons aucune menace », a déclaré mercredi le ministre du Travail Olivier Dussopt devant le Sénat, en parlant de « délit » plus que d’action politique ou militante. Conscients du manque de popularité des « coupures ciblées », les syndicats ont aussi annoncé des actions « positives », à la Robin des bois, dans l’énergie. Ils vont ainsi rétablir gratuitement le courant de ceux qui en sont privés ou encore réduire les tarifs.


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