Trois quarts des investissements directs étrangers en France sont réalisés hors d’Ile-de-France et 71 % des projets industriels sont localisés dans des villes de moins de 20.000 habitants. Fervent défenseur de la reconquête industrielle et des relocalisations , le haut-commissariat au Plan, dirigé par François Bayrou, a cherché, face à ce constat, à identifier ce qui pourrait favoriser cette dynamique territoriale .
« Avec le Covid et l’apprentissage du télétravail, cette tendance devrait se développer », souligne Laurent Cappelletti, professeur au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) et directeur à l’Institut de socioéconomie des entreprises et des organisations (Iseor) qui vient de lui remettre son rapport.
Impliquer et soutenir les élus locaux
Le constat dressé par le document intitulé « Dynamique économique et réindustrialisation durables des territoires » est clair : l’implication des élus locaux est fondamentale, mais il faut que l’Etat sorte de son rôle de simple banquier et les soutienne davantage au travers de ses services. « Quand les deux fonctionnent ensemble, les projets aboutissent. Et les dirigeants d’entreprise sont demandeurs », relève-t-il.
C’est, selon lui, ce qui a conduit à l’installation d’une maroquinerie Hermès à Riom, dans le Puy-de-Dôme ou au développement de la filière du lin autour de la société Safilin, dans les Hauts-de-France. Le contre-exemple est l’échec essuyé avec le constructeur automobile Tesla, qui a préféré Berlin à Melun-Villaroche, en région parisienne, pour implanter sa « gigafactory ». Il y a eu une « faille dans ce modèle », écrit-il dans son rapport. Le haut-commissariat pourrait avoir sa place dans le dispositif en proposant une méthodologie – et des indicateurs, par exemple pour évaluer l’intérêt d’une localisation.
Maquis administratif et normatif
Laurent Cappelletti formule aussi une série de recommandations visant à améliorer l’attractivité des territoires. Figurent notamment la mise en place de cellules dédiées pour aider les investisseurs à naviguer dans le maquis administratif et normatif français – l’une des principales faiblesses de l’Hexagone – et l’instauration d’une compensation financière dans les appels d’offres publics pour soutenir la production territoriale. Autre volet important : l’ajustement des formations aux besoins des territoires.
Enfin, le rapporteur propose une baisse des charges sociales sur les salaires moyens. « Cela permettrait aux entreprises d’attirer une main-d’oeuvre plus qualifiée et d’augmenter les bas salaires sans que cela soit préjudiciable économiquement pour elles », dit-il. L’allègement des charges sur les bas salaires a, elle, déjà levé les freins au recrutement de cette catégorie de salariés.