Rénovation des logements : des économies d’énergie substantielles à l’horizon

La ministre du Logement, Emmanuelle Wargon, s'apprête à défendre à l'Assemblée les mesures en faveur de la rénovation énergétique des logements du projet de loi climat. Elle récuse tout manque d'ambition.


French Junior Housing Minister Emmanuelle Wargon leaves after attending the first weekly cabinet meeting after the government reshuffle, at the Elysee Palace in Paris on July 7, 2020. (Photo by Ludovic Marin / AFP)

« Je ne laisserai personne dire que nous ne sommes pas ambitieux. » D’humeur combative avant d’engager la discussion ce vendredi ou samedi avec les députés sur le chapitre « Se Loger » du projet de loi climat , Emmanuelle Wargon, la ministre du Logement, arrive avec des munitions pour faire accepter et préciser une de ses mesures les plus contestées sur la rénovation énergétique.

Celle-ci consiste, selon les ONG qui dénoncent une « définition au rabais », à qualifier de rénovation « performante » les chantiers qui feront passer le diagnostic de performance énergétique (DPE) de tout logement classé F ou G, soit quelque 4,8 millions de passoires thermiques, à la lettre C.

L’objectif climatique en tête

Pour quel résultat au final ? Selon une note d’éclairage de la Direction générale de l’énergie et du climat (DGEC), mise en ligne ce vendredi matin sur le site du ministère , « à l’horizon 2028, la rénovation performante des passoires énergétiques aux niveaux A, B ou C permet d’atteindre 100 % de l’objectif de réduction des consommations d’énergie dans le secteur résidentiel ». En l’occurrence, l’objectif que l’Etat a fixé dans la programmation pluriannuelle de l’énergie et la Stratégie nationale bas carbone.

A la même échéance, et toujours dans le secteur résidentiel, la baisse des consommations d’énergie serait de 15 % par rapport à 2018 et celle des émissions de gaz à effet de serre (GES) d’au moins 31 %, poursuit la note de la DGEC.

En revanche, à l’horizon 2050, cette rénovation performante, telle qu’adoptée en commission spéciale de l’Assemblée nationale, « ne permet […] pas d’atteindre complètement le niveau de consommation énergétique finale prévu ». Il manquera précisément 17 TWh (térawatt-heure), soit 8,5 % de l’effort attendu, selon cette note très technique. La baisse des consommations d’énergie du secteur résidentiel n’en resterait pas moins spectaculaire : -50 % par rapport à 2018. Et plus encore celle des émissions de gaz à effet de serre (GES), dont la DGEC estime la diminution à « au moins 72 % ».

Pas de rénovation parfaite

Emmanuelle Wargon s’estime confortée par ces données. Celles-ci montrent que « notre définition est la bonne car elle va permettre de déclencher les travaux et d’atteindre les objectifs climatiques », explique la ministre aux « Echos ». « Nous privilégions la massification avec un niveau de performance significatif. On ne vise pas la rénovation parfaite. Celle-ci existe, mais elle est rare et ne concerne que quelques milliers de logements par an », poursuit-elle, en considérant avoir trouvé « le bon point d’équilibre ».

Reste qu’en matière de rénovation énergétique, la France doit accélérer le rythme des chantiers, même si celui-ci n’est pas négligeable. Selon le premier bilan que l’Observatoire national de la rénovation énergétique des bâtiments doit publier fin avril, respectivement 1,6 et 1,9 million de logements ont été rénovés en 2018 et 2019. Et depuis 2016, les économies d’énergie générées ont augmenté de 47 % en quatre ans, passant de 4,4 TWh à 6,4 TWh.


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