Retraites : la réforme des cotisations sociales des indépendants sur les rails

Le gouvernement a déposé un amendement au budget de la Sécurité sociale pour réformer leur assiette de cotisations et de contributions sociales. Une réforme attendue de longue date qui doit ouvrir la voie à une amélioration de leurs retraites.


La perspective d’une baisse de CSG pour les artisans et commerçants se précise. Mercredi, le gouvernement a déposé un amendement au projet de budget de la Sécurité sociale pour 2024, qui a été adopté dans la foulée sans vote via le recours à l’article 49.3 de la Constitution. L’objectif : modifier l’assiette de cotisations et contributions sociales des indépendants en 2025.

« Cette réforme constitue une victoire de l’U2P en faveur des travailleurs indépendants », a salué le président de l’Union des entreprises de proximité (U2P), Pierre Burban, dans un communiqué. Et l’organisation de saluer « la fin d’une injustice ».

Manque à gagner pour le budget

La réforme est en effet censée assurer une plus grande équité entre les indépendants – artisans, commerçants, travailleurs libéraux, avocats, agriculteurs – et les salariés en matière de charges sociales. Car, à revenus équivalents, les indépendants versent plus de CSG et de CRDS que les salariés.

A l’inverse, ils se constituent moins de droits à la retraite . D’où le projet de la réforme d’ouvrir la voie à une amélioration des pensions des indépendants, notamment grâce à une hausse des cotisations de retraite complémentaire.

Encore promise par l’exécutif dans le cadre de la réforme des retraites du régime général , la réforme avait été retirée in extremis du projet de budget avant sa présentation en septembre. Il faut dire que la baisse de la CSG ne devrait pas être totalement compensée pour toutes les composantes de la Sécurité sociale qui en bénéficient.

« Dans l’ordre des choses »

En dépit de son coût, Bercy avait promis que le projet ne serait pas abandonné. Les travailleurs indépendants attendaient cependant toujours de voir la réforme réapparaître.

A la lecture de l’amendement du gouvernement, des spécialistes s’interrogeaient encore mercredi sur la date exacte de mise en oeuvre du projet. A Bercy, on assure qu’il n’y a « pas de changement » par rapport à ce qui a été discuté avec les professionnels, « la réforme s’appliquera aux cotisations et contributions versées à compter de 2026 ». Lesquelles sont calculées sur les revenus de 2025.

Plus de 90 % de gagnants

L’U2P estime qu’un peu plus de 90 % des indépendants seront « gagnants » avec la réforme. Car ils verront leur CSG baisser. Et même s’ils devront acquitter plus de cotisations maladie, ils devraient voir leurs droits à la retraite augmenter.

« Ce n’est pas du gain de pouvoir d’achat, l’idée c’est d’avoir un niveau des cotisations globalement inchangé qui génère plus de droits à la retraite », détaille Laurent Boulangeat, à l’U2P.

Les caisses de retraite des différentes professions doivent notamment augmenter les cotisations de retraite complémentaire. « A défaut, il sera procédé à des ajustements par décret », prévient le gouvernement dans l’amendement.

5 % des perdants

Tout le monde ne devrait pas tirer son épingle du jeu. Parmi les travailleurs libéraux, des notaires, des avocats ou des médecins ayant de hauts revenus pourraient voir leurs charges augmenter. Une situation qui a d’ailleurs compliqué les discussions sur le sujet au sein du patronat.

En septembre, l’Union nationale des professions libérales (Unapl) avait ainsi prévenu que 5 % des professionnels libéraux devraient avoir à encaisser une augmentation de leurs cotisations. Ce qui ne l’a pas empêché de soutenir la réforme au nom de l’amélioration de la retraite des indépendants.


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