Ce n’est pas parce que les sondages disent que les Français sont contre qu’il ne faut pas la faire. Voilà, en clair, le message du président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, dimanche à l’antenne du Grand Rendez-vous Europe 1 – CNews – « Les Echos » à propos de la réforme des retraites .
Une réforme « douloureuse mais indispensable », sauf à « nier la réalité démographique » de notre pays, a-t-il dit, avant de rappeler que, dans tous les pays occidentaux et démocratiques nous ayant précédés sur cette voie, cette même réforme a été impopulaire et difficile à faire voter.
« La noblesse du politique, c’est de savoir de temps en temps prendre des décisions qui ne sont pas populaires », a souligné le représentant du patronat, qui s’est dit par ailleurs « assez consterné » par la stratégie d’obstruction de la Nupes et LFI, et par le spectacle donné par l’Assemblée nationale , entre confusion, insultes et absence de vote.
Un coup de poignard dans le dos
A l’approche de la nouvelle journée d’action du 7 mars et de la menace d’une grève reconductible, le patron des patrons veut croire que dans le secteur privé, du moins, cet appel à la grève restera peu entendu. « S’il y a des tensions aujourd’hui dans les entreprises, c’est surtout sur les salaires à cause de l’inflation », relève-t-il.
Et de noter aussi que, au moment même où la CGT et la CFDT font front commun sur les retraites, il a continué d’être possible de discuter et de parvenir à un compromis avec ce dernier syndicat, comme le montre l’accord sur le partage de la valeur qui vient d’être signé entre le patronat et la centrale de Laurent Berger.
Un accord que le président du Medef entend bien voir ratifier et endosser tel quel par le gouvernement, alors que la convention Renaissance doit s’emparer du sujet , et qu’il entend ici ou là des députés, « dont certains n’ont jamais mis les pieds en entreprise », dire que ce texte ne va pas assez loin. « Tout détricotage de cet accord serait un coup de poignard dans le dos des partenaires sociaux », met-il solennellement en garde l’exécutif.
Plus réservée a été sa position sur le projet de loi immigration , qui doit bientôt arriver au Sénat. « Ce n’est pas au patronat de décider quelle doit être la politique migratoire du pays », a-t-il d’abord fait remarquer, avant de convenir que, si le nouveau texte crée des titres de séjour pour permettre à des immigrés de combler les besoins dans les métiers en tension, « nous saurons les employer ». Ce qui, aux yeux du représentant des employeurs, est aussi la meilleure façon de les intégrer.