Ils savent qu’ils doivent absolument réussir leur prochaine mobilisation ce samedi. Mais qu’il leur faut aussi entretenir le mouvement de protestation en traçant des perspectives d’action. Les huit syndicats qui mènent la contestation contre la réforme des retraites ont décidé ce mercredi d’appeler à une nouvelle journée d’action le jeudi 16 février. Ce sera la cinquième en un mois, juste avant les vacances scolaires de la zone C.
L’enjeu est, pour les organisations de salariés, de garder la main alors que l’examen du projet de loi à l’Assemblée vient tout juste de démarrer, avant son envoi au Sénat début mars. L’exercice est compliqué par les chassés-croisés des vacances d’hiver. La pertinence d’une mobilisation la semaine prochaine a fait débat. Mais le risque était de casser la dynamique. D’où cette cinquième date, même si elle risque de marquer un essoufflement de la contestation.
Un actif sur trois prêt à se mobiliser
Massive lors des deux premiers défilés, les 19 et 31 janvier , avec même ce deuxième jour le record historique de 1.272.000 manifestants selon la police, l’affluence aux défilés a marqué le pas mardi où la police a décompté quelque 750.000 manifestants dans toute la France.
L’enjeu de ce samedi n’en est que plus grand. Mercredi matin, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a appelé à une « manifestation citoyenne, populaire, festive et conviviale » sur BFMTV. Sera-t-il suivi ? Un sondage réalisé pour le compte de ce média par Elabe au lendemain de la troisième journée d’action, le 7 février, montre que l’opinion accompagne toujours le mouvement de contestation.
Dans cette enquête, 27 % des Français se disent « certainement » prêts à se mobiliser dans les semaines à venir, contre 23 % il y a une semaine et 20 % il y a deux semaines. Un actif sur trois est dans ce cas. L’approbation de la mobilisation progresse de 4 points à 68 % et 72 % des Français souhaitent que la mobilisation continue. Quatre sur dix veulent même qu’elle se durcisse ; une position partagée par au moins la moitié des ouvriers et employés, des professions intermédiaires et des 35-64 ans.
Plus de deux tiers des Français pensent que la réforme sera votée, une proportion en légère baisse (-3 points en deux semaines). La part de ceux qui pensent qu’elle sera retirée face aux contestations progresse d’autant, à 31 %.
Seul point positif pour le gouvernement : l’opposition à la réforme recule de 6 points dans ce sondage, même si elle reste majoritaire (65 %). Sans doute le résultat des récentes concessions du gouvernement que pointe un Français sur deux, mais qu’un tiers seulement juge suffisantes.