Travailler à plusieurs fait le bonheur des médecins libéraux. C’est le ministère de la Santé qui l’écrit, dans un rapport publié ce mercredi sur les conditions d’exercice des généralistes en ville. Selon ce sondage, les médecins exerçant en maison de santé pluriprofessionnelle (MSP) et signataires de l’accord conventionnel interprofessionnel avec l’Assurance-maladie (ACI) ont 55 % de chances en plus d’être satisfaits ou très satisfaits de leur équilibre vie professionnelle-vie privée que ceux qui exercent en solo.
S’ils n’ont pas signé l’ACI, la satisfaction n’augmente que de 21 %, et s’ils ont juste monté un cabinet avec d’autres généralistes, de 15 % – mais ils ont tout de même plus de chances d’être heureux que les médecins isolés. Ces pourcentages s’entendent à caractéristiques sociodémographiques et territoriales égales, ainsi qu’à temps de travail et congés annuels égaux, car être à la campagne ou soigner des populations défavorisées influe énormément sur les conditions de travail.
Plus de 1.800 maisons de santé pluriprofessionnelles
Cela fait effectivement des années que les jeunes diplômés expriment leur désir d’exercer en collectif. C’est déjà le lot de 80 % des généralistes de moins de 50 ans. D’ailleurs, dans les MSP où exercent 29 % des généralistes, la moyenne d’âge est de 49 ans, contre 58 ans dans les cabinets individuels. Au total, en comptant également les structures composées uniquement de généralistes, plus de six généralistes sur dix exercent de façon groupée. Un pourcentage qui grimpe : 61 % en 2019 contre 54 % en 2010.
Le mouvement est encouragé par les pouvoirs publics qui y voient une solution pour maintenir l’accès aux soins à une époque où l’on manque de médecins. En se coordonnant, les professionnels peuvent à la fois assurer des plages horaires de consultation étendues et prendre des congés sans culpabiliser.
Fin 2021, plus de 1.800 maisons de santé pluriprofessionnelles avaient fleuri en France. Emmanuel Macron pourrait bien avoir tenu son pari de créer un millier de ces structures collectives pendant son premier quinquennat, à l’instar de François Hollande avant lui, qui en avait également fait naître un petit millier.
Les raisons du bonheur ? Selon l’étude, le principal déterminant des écarts de satisfaction est le temps libre. Les médecins isolés travaillent en moyenne deux heures de plus chaque semaine que les médecins regroupés. Alors que les solos prennent en moyenne 5,6 semaines de congés par an, les généralistes en MSP ACI s’en autorisent 6 et les généralistes regroupés entre eux 6,2 semaines.
Un accord conventionnel satisfaisant
Pour en avoir le coeur net, les enquêteurs ont neutralisé les différences de temps de travail entre catégories, et constaté que le bonheur s’évanouissait dès que les compteurs s’affolent. Seuls les généralistes exerçant en MSP ACI se distinguent encore.
« Sans pouvoir établir de relation causale, les spécificités de l’exercice en MSP ACI – cahier des charges spécifique, dossiers partagés, temps de coordination dédiés, rémunération additionnelle de la structure, etc. – semblent satisfaisantes pour les médecins généralistes et ce, au-delà des conséquences qu’elles peuvent avoir sur les temps de travail », concluent les chercheurs.