Santé : une reconnaissance inégale des expositions professionnelles

Le port de charges lourdes est bien pris en compte par les entreprises, mais les agents biologiques et les horaires atypiques sont sous-estimés, montre une étude de services de santé au travail. Des travaux qui plaident pour une appréciation des risques plus individualisée.


Dans le cadre de son projet de réforme des retraites, Emmanuel Macron a promis de tenir compte de « l’usure professionnelle » pour permettre aux salariés de cesser plus tôt leur activité. Il a souhaité que les diagnostics soient plus individualisés qu’aujourd’hui, en réinvestissant dans la médecine du travail.

Message reçu dans les services de santé au travail interentreprises. Neuf d’entre eux, sous la houlette du Centre médical interentreprises d’Ile-de-France (CMIE), ont publié mercredi un observatoire de la santé au travail qui présente la particularité de confronter les points de vue des employeurs (49.000 entreprises), des salariés (avec 164.000 questionnaires remplis) et des experts de la santé au travail – ce que personne ne faisait jusqu’à présent.

Discordance

Résultat, la discordance entre les déclarations d’expositions des uns et des autres est parfois impressionnante. Salariés et employeurs ne sont d’accord que dans 5 à 6 % des cas sur l’existence de nuisances liées à l’éclairage ou aux machines produisant des ultrasons. Plus de huit salariés sur dix déclarent une exposition non-reconnue par leur employeur.

La discordance est également prégnante pour le travail en tranchée ou en fosse, fréquent dans les travaux de voirie, ou la présence d’agents biologiques pouvant provoquer une contamination, notamment dans le secteur de la santé : dans ces deux cas, on note 74 % d’expositions déclarées par le salarié mais non par l’employeur. Pour le travail en équipe alternante, en discontinu ou le week-end, ce ratio est encore de 69 %.

Des employés parfois insensibles au danger

« Nous pensions que l’appréciation des expositions par les employeurs et les salariés concordaient ; de telles discordances sont anormales et nous conduisent à nous remettre en question », conclut Christophe Garchery, médecin du travail au CMIE.

D’autant plus qu’il n’y a pas d’explication univoque à l’apparente sous-déclaration par les employeurs de certaines expositions. « Il peut y avoir une notion de visibilité du risque », avance-t-il. Ainsi, le port de charges lourdes, qui est un facteur de pénibilité reconnu par la loi (47 % de déclarations concordantes), est plus visible que le travail du week-end (26 % de concordance).

Ces divergences illustrent également l’échelle de gravité perçue des risques, toute en subjectivité : les employeurs ne semblent pas trop croire au péril des ultrasons ou des tranchées. Les employés, quant à eux, sont peu sensibles au danger du travail en hauteur, puisque dans 31 % des cas, un facteur d’exposition est déclaré par l’entreprise, mais pas par eux !

Mieux détecter les polyexpositions

Troisième facteur explicatif : la polyexposition, mal prise en compte aujourd’hui. « Parfois, l’employeur peut être focalisé sur un risque, par exemple la manutention, et oublier le travail du week-end », souligne Christophe Garchery. Les auteurs de l’observatoire comptent actualiser chaque année leur observatoire, et s’en servir notamment pour mieux détecter les polyexpositions.

Car l’un des enjeux sera de mesurer l’usure professionnelle au plus près des travailleurs, voire sur une base individuelle, comme le souhaitait Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle. La pénibilité ressentie dépend aussi de l’âge du salarié, de son état de santé, du cumul des expositions, etc., font remarquer les auteurs de l’étude. Affiner la mesure permettrait d’éviter à la fois des sous-déclarations et des surdéclarations.


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