Syndicats et patronat de nouveau au chevet des retraites complémentaires

La crise du Covid a fait replonger dans le rouge le régime de retraite complémentaire des salariés du privé, à 4,1 milliards d'euros en 2020. Mais les importantes réserves financières devraient permettre d'éviter des mesures trop douloureuses.


Siege social d'Agirc Arrco, regimes de retraite complementaire

Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage. Les partenaires sociaux gestionnaires de l’Agirc-Arrco se sont attablés lundi après-midi pour négocier des mesures de redressement du régime de retraite complémentaire des salariés du privé. Lors de cette première séance de ce nouveau round de discussions, syndicats et patronat ont discuté du diagnostic, sur la base de trois scénarios plus ou moins déficitaires pour les années à venir.

La crise du Covid a provoqué une rechute de l’Agirc-Arrco, qui venait de retrouver l’équilibre, et affichait un résultat net positif de 966 millions d’euros en 2019. En 2020, le régime enregistre un déficit de 4,1 milliards d’euros, dont 5,3 milliards de déficit technique. Cette chute – moindre que les 10 milliards de déficit technique que redoutaient les partenaires sociaux il y a un an – s’explique par la baisse de 4 % des cotisations, ramenées à 80 milliards d’euros, alors que la hausse de long terme des pensions versées se poursuit (+3 %).

Une règle de conduite

L’écart avec la trajectoire initiale n’est « pas majeur », de l’aveu même du président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux, qui affichait en juin dans « Les Echos » sa confiance dans la possibilité de trouver « un chemin pour un accord avec les partenaires sociaux, sans intervention de l’Etat ». Au sein du patronat, on espère signer avant la fin juillet.

En 2019, les gestionnaires se sont fixé une règle de conduite : piloter financièrement le régime sur quinze ans, en s’assurant d’avoir en permanence en réserve l’équivalent d’au moins six mois de versement de pensions. En effet, contrairement au régime général, ce régime privé ne peut pas se permettre d’être à court de trésorerie.

La règle des six mois

Les services de l’Agirc-Arrco ont construit trois scénarios pour le financement du régime. L’hypothèse optimiste d’allongement de la durée de vie conduit à un scénario critique, où la règle des six mois de réserve est enfreinte dès 2026. Au contraire, l’approche démographique pessimiste du Conseil d’orientation des retraites , adoptée dans son rapport de juin (« variante 1 »), permettrait à l’Agirc-Arrco de revenir dans le vert en 2029, et de ne jamais atteindre d’ici là la cote d’alerte côté réserves (les déficits seraient faibles).

Le deuxième scénario adopte une position médiane, en partant du principe que l’espérance de vie à 60 ans augmentera de 3 ans pour les hommes et 1,9 an pour les femmes en 2040 par rapport à 2020 – cela reste l’hypothèse centrale de l’Insee, peut-être plus pour très longtemps.

Le seuil d’alerte franchi en 2029

Résultat : les réserves passeraient en dessous de six mois de prestations dès 2029, avec un déficit technique de 2,8 milliards d’euros cette année-là, et le régime ne parviendrait pas à se dépêtrer des soldes négatifs annuels avant 2040.

Siege social d'Agirc Arrco, regimes de retraite complementaire
Siege social d’Agirc Arrco, regimes de retraite complementaireHAMILTON/REA

« La variante 2 s’est avérée la plus consensuelle ; de plus, elle est cohérente avec les hypothèses que nous avions retenues en 2019 », note Olivier Bogillot, chef de file de la négociation côté Medef. « Les actifs et les entreprises ont été mis à contribution pendant la crise. Il serait logique que l’effort ne porte pas sur eux », avance le représentant du patronat – désignant en creux les retraités pour les efforts à venir. Durant la décennie écoulée, les partenaires sociaux ont réalisé des économies importantes grâce à la sous-indexation ou au gel des pensions complémentaires.

D’autres solutions que le gel des pensions

A la CFDT, Frédéric Sève reconnaît que « les actifs ont souffert pendant la crise, les faillites sont devant nous, tout le monde en convient », mais relativise l’effort à consentir pour redresser le régime : « La variante 1 n’est pas complètement fantaisiste, et dans ce scénario on peut s’en sortir sans mesures financières. La vérité, c’est qu’on n’a pas besoin d’une correction très forte pour revenir dans les clous », plaide-t-il.

Chez FO, Michel Beaugas est également d’accord sur l’idée qu’il faut préserver les actifs, mais estime qu’« il existe d’autres solutions que le gel des pensions », car « les retraités voient leur pouvoir d’achat baisser depuis dix ans ». Il évoque la possibilité de « cantonner les 4 milliards de déficit lié au Covid », et de « mettre sur la table la hausse des cotisations » – horresco referens pour le Medef.

« Il faut rassurer les Français sur la pérennité du régime, mais ne prenons pas de décisions hâtives », glisse Michel Beaugas. S’il n’y a pas d’accord en juillet, il ne s’en plaindra pas.


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