Le diagnostic sur le télétravail sur lequel les partenaires sociaux ont commencé à plancher en juin commence à prendre forme. Ce mercredi après-midi, le patronat a présenté aux syndicats, sur écran (la rencontre avait lieu en visio), un premier texte de synthèse sur lequel ont porté les discussions.
Au menu, trois têtes de chapitre : les enjeux sociaux, économiques et environnementaux au niveau macroéconomique, les enjeux organisationnels au niveau de l’entreprise ainsi que les enjeux managériaux et RH au niveau opérationnel. A la suite de la discussion, une nouvelle version du document doit être présentée lors du prochain rendez-vous, prévu le 11 septembre.
Infléchissement du patronat
La rencontre n’a en revanche pas permis formellement d’avancer sur le sujet majeur de désaccord entre patronat et syndicats : l’ouverture d’une négociation en bonne et due forme demandée par ces derniers. Mais les échanges ont montré un infléchissement de la position des représentants des entreprises sur le sujet, ont noté plusieurs syndicalistes. Alors qu’avant l’été, ils s’étaient vus opposer un refus catégorique, « les trois organisations patronales n’ont pas fermé la porte mais elles considèrent qu’à ce stade, il faut finir le diagnostic partagé pour regarder ce qui est nécessaire ou pas », confirme une source patronale.
Il faut dire que le contexte a évolué. La donne concrète a en effet de nouveau changé en cette rentrée. Après avoir concerné au moins un salarié sur cinq pendant le confinement, en juin et pendant les congés, le travail à domicile a fortement décru avec l’assentiment du gouvernement qui a assoupli les règles de fonctionnement des entreprises inscrites initialement dans le protocole de déconfinement. Mais la reprise de l’épidémie est en train d’inverser la tendance, en particulier dans les zones rouges dont la liste s’allonge. La situation est plus contrastée qu’au printemps puisque le télétravail à 100 % n’est plus forcément de mise, mais le travail à distance recommence à se développer à temps partiel. « C’est un sujet de société qui intéresse tout le monde », reconnaît un responsable patronal.
Pression
Le contexte politique, lui aussi, a évolué avec le changement de gouvernement . Jean Castex s’est, dès sa nomination à Matignon, montré insistant sur la nécessité d’ouvrir une négociation sur le télétravail. Le terme qui figurait dans le projet initial d’agenda social a été retiré. Mais la pression est bel et bien là. Si le ministère du Travail est plutôt prudent, en ce début de semaine, sur France Inter, le Premier ministre est revenu à la charge sur le sujet, jugeant qu’il s’agissait là d’un « fait de société »,« effet positif et structurel » de la crise de la Covid-19.
« On va se mettre à le regarder différemment, peut-être même se dire que ça s’organise. J’ai demandé aux partenaires sociaux de s’emparer du sujet et de faire des propositions pour savoir comment, entreprise par entreprise ou au niveau national, le télétravail peut être amélioré, optimisé », a déclaré le Premier ministre.