La CGT reste en tête dans les TPE. La centrale de Philippe Martinez a terminé à la première place de la troisième édition de l’élection de représentativité syndicale dans les très petites entreprises qui s’est déroulée fin mars-début avril, selon les résultats diffusés par le ministère du travail vendredi. Avec 26,3 % des voix, elle a progressé d’un peu plus d’un point par rapport au précédent rendez-vous, en janvier 2017 . Elle a donc creusé un peu l’écart en pourcentage avec la CFDT, à 16,5 %, bien que cette dernière progresse d’un point.
Mais c’est l’UNSA qui a cette fois encore créé la surprise. En 2017, elle avait fait un bond de 5 points, à plus de 12 %. Avec un score de 15,89 %, elle progresse à nouveau de 3,5 points. Cela lui permet de ravir la troisième place à Force ouvrière, bien que cette dernière progresse de près d’un point, à 13,8 %, et de s’approcher de la CFDT. La CFTC apparaît, à l’inverse, comme la grande perdante. A 5,9 %, elle arrive en effet loin derrière, accusant une baisse de 1,5 point, tandis que Solidaires obtient 4,27 % et la CFE-CGC 3,95 %.https://flo.uri.sh/visualisation/5877747/embed
A regarder avec prudence
Cette photographie doit cependant être regardée avec prudence. L’épidémie de Covid faisait craindre une abstention encore plus massive que lors des précédents scrutins. Cela s’est vérifié. Fin 2012, le taux de participation avait à peine dépassé les 10 %. Début 2017, il n’avait même pas franchi la barre des 8 %. Cette fois-ci il n’a pas dépassé les 5,4 %. « Le résultat est décevant comparé aux moyens dégagés et au vu de l’énergie déployée par les syndicats », commente la ministre du Travail. « Peut-être les salariés ne voient-ils pas suffisamment l’enjeu du scrutin bien qu’il ait un impact sur les discussions qui se mènent au niveau des branches et interprofessionnel », s’interroge Elisabeth Borne.
S’il s’est déclaré « satisfait que la CGT reste la première organisation syndicale et qu’elle progresse de plus de 1 % », le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, juge que « pour autant, on ne peut pas se satisfaire d’un tel taux de participation ». « Le gouvernement doit réfléchir parce qu’on les a souvent alertés, sur la mauvaise organisation, le report [du scrutin], les problèmes de transmission des éléments de vote. Il faut revoir le mode de scrutin parce que les salariés des TPE comme les autres ont le droit d’être représentés », a-t-il souligné.
265.000 votants
Pointant la légère progression de la CFDT vue « comme un encouragement à poursuivre dans la voie [d’] un syndicalisme à l’écoute des travailleurs et proche de leurs préoccupations », sa secrétaire nationale en charge du dossier, Inès Minin, a, elle aussi, déploré la faiblesse du taux de participation qui « doit nous interroger collectivement », plaidant pour des instances représentatives des TPE « plus proches de leurs réalités de travail ».
« FO savait que cette élection ne serait pas représentative de la réalité de l’action syndicale quotidienne ; c’est pourquoi, il nous apparaît nécessaire de s’interroger sur la pertinence de ce scrutin », a réagi la centrale dans un communiqué, ajoutant que la faible participation « doit aussi s’analyser, au-delà des difficultés techniques, comme l’expression de la grande fragilité dans laquelle ces salariés se trouvent, plus particulièrement depuis un peu plus d’un an ». La CFTC a pour sa part estimé que « le taux de participation particulièrement faible et le nombre de voix exprimées rendent la lecture du scrutin bien difficile ».
Sur un collège électoral de quelque 5 millions d’électeurs, seuls 265.000 salariés des TPE et employé(e)s à domicile ont effectivement voté. C’est 66.000 de moins qu’en 2017. L’UNSA est celle qui tire le mieux son épingle du jeu avec un léger gain de quelque 400 voix, ce qui la place à 1.500 suffrages seulement de la CFDT. Ce que n’a pas manqué de souligner son secrétaire général, Laurent Escure.
L'@UNSA_officiel seule organisation à progresser en voix et en % aux #ElectionsTPE dans un contexte de baisse de la participation.
— Laurent Escure (@LaurentEscure) April 16, 2021
Aux côté des salariés des #TPE, tous les jours, toute l'année. pic.twitter.com/FeOPzEHxiA