De quoi tenir jusqu’aux échéances électorales. Le gouvernement a réalloué près de 6 milliards d’euros de crédits dans son budget 2022, qui vont lui permettre de financer les mesures prises pour amortir le choc économique provoqué par l’invasion de l’Ukraine par la Russie . C’est ce qui ressort du décret d’avance dévoilé le vendredi par Bercy, et qui va être maintenant examiné pour avis par le Parlement avant son adoption définitive.
Cette procédure budgétaire d’urgence était devenue inévitable au vu des nouveaux besoins qui ont émergé en quelques semaines à peine. « Il nous faut financer le plan de résilience de l’économie, mais aussi l’accueil de réfugiés ukrainiens », explique-t-on à Bercy. Ce décret d’avance a l’avantage de dégager rapidement de nouveaux crédits, quand un projet de loi de finances rectificative (PLFR) aurait dû en passer par un débat parlementaire un peu plus long.
Marges de manoeuvre budgétaires
Au total, Bercy prévoit donc 5,95 milliards de redéploiements de dépenses. En clair plusieurs missions vont voir leur budget diminuer (il s’agit principalement de crédits liés aux aides d’urgence mises en place pour la crise sanitaire, mais aussi 2 milliards de réserves de précautions de certains ministères) afin de se donner des marges de manoeuvre financières.
Grâce à cela, l’exécutif va disposer de 400 millions pour assurer l’accueil (hébergement, allocation pour protection temporaire) des réfugiés ukrainiens. Pour le reste, il va pouvoir mettre sur la table 3 milliards d’euros pour la ristourne de 15 centimes par litre de carburant qu’il compte mettre en place à partir du 1er avril. Un montant revu en hausse par rapport au chiffre initial avancé par le Premier ministre, Jean Castex – « plus de 2 milliards » – car la mesure a été étendue aux DOM-TOM et à plus de carburants comme le GNV.
Pour les entreprises, les grandes annonces faites il y a quelques jours lors de la présentation du plan de résilience vont trouver un financement. Ainsi 550 millions ont été prévus pour le secteur agricole, 30 millions pour les pêcheurs, 400 millions pour le transport et 80 millions pour les travaux publics.
Enfin, l’exécutif avait annoncé une subvention pouvant aller jusqu’à 25 millions pour les entreprises les plus consommatrices en énergie et ayant enregistré une perte d’exploitation. Le chiffrage prévu était de 3 milliards, mais Bercy n’a finalement dégagé que 1,5 milliard. « Cela nous permet de tenir jusqu’en juillet, et laissera ensuite au prochain gouvernement le choix d’ouvrir ou non les crédits restants, voire de mettre en place une autre mesure », indique-t-on à Bercy.
Une situation fluctuante
De fait, ce crédit d’avance ne signe pas la fin de l’histoire, et un PLFR sera de toute façon sans doute nécessaire à l’été. Bercy doit faire avec une situation très fluctuante. Ainsi le prix du gaz s’avère finalement un peu moins haut que prévu, ce qui a ramené le coût de l’ensemble des mesures prises depuis l’automne pour contrer la flambée des prix de l’énergie de 30 milliards environ à 26 milliards désormais.
Malgré cela, les craintes des Français sur leur pouvoir d’achat n’ont jamais été aussi fortes. Faut-il désormais s’attendre à une nouvelle salve de mesures, similaire au doublement des aides auquel Berlin vient de se résoudre ? « Avec une trentaine de milliards, l’Allemagne ne fait que s’aligner sur nous », répond-on à Bercy.