Un Français sur deux pour un nouveau tour de vis sur la durée d’indemnisation des chômeurs

Moins de six Français sur dix se déclarent attachés au modèle hexagonal, montre la 5 e édition du baromètre Elabe pour l'Unédic sur la perception du chômage et de l'emploi.


Agence Pole Emploi Paris-Cardinet . Paris, FRANCE-27/06/2022.//04MEIGNEUX_meigneuxB008/2206271729/Credit:ROMUALD MEIGNEUX/SIPA/2206271741

Le gouvernement a baissé d’un quart les durées maximales d’indemnisation au chômage le 1er février dernier et Bruno Le Maire aimerait un coup de vis supplémentaire ? Pas de problème pour les Français. Près d’un sur deux estime que c’est encore trop alors que l’attachement au modèle national d’assurance-chômage ne cesse de perdre du terrain. C’est ce qui ressort de la 5e édition du baromètre Elabe pour l’Unédic sur la perception du chômage et de l’emploi.

Précisément, ils sont 48 % à penser que la durée de versement des droits est trop longue, autant que lors de l’édition précédente il y a un an . Le pourcentage a gagné 7 points depuis le premier opus du baromètre en mars 2020. La même proportion de Français jugent que les allocations versées constituent un frein au retour à l’emploi, que leur montant est trop élevé (39 %) ou qu’il dépasse parfois l’ancien salaire (37 %).

Connaissance partielle de la réalité

Avec la dégradation, encore limitée mais bien perçue par les sondés, du marché de l’emploi, le regard dur des Français sur les chômeurs (lesquels le vivent toujours aussi injustement) s’est pourtant adouci en un an. Plus exactement, les soupçons et critiques « marquent une pause » après une progression constante depuis mars 2000, tempère le sondage.

Et tant pis si ces opinions restent fondées, baromètre après baromètre, sur une connaissance partielle de la réalité. A peine plus d’un sondé sur trois sait indiquer la durée maximale des droits pour les moins de 53 ans, le montant moyen net versé, ou encore le taux de chômage. Ils sont de moins en moins nombreux (51 %, -5 points), à penser qu’un chômeur « est forcément quelqu’un qui recherche un emploi ».

De manière tout aussi ambivalente, une très large majorité des Français considèrent que les allocations sont un droit (puisqu’elles sont issues de cotisations) sans lesquelles la plupart des intéressés ne pourraient pas vivre dignement. Qu’elles constituent un revenu de remplacement entre deux emplois qui contribue à lutter contre la pauvreté. Ou qu’elles peuvent même constituer une aide à la création d’entreprise (une aide sujette à de nombreux effets d’aubaine , reconnaissent les partenaires sociaux).

L’un dans l’autre, une certaine idée du modèle social semble avoir vécu chez les Français dont pourtant deux sur trois sont touchés de près ou de loin par la perte d’emploi. Utile l’assurance-chômage ? Oui encore répondent-ils, mais plus tant que cela. Ils ne sont que 57 % à y rester attachés, contre 66 % en mars 2000. Les actifs en emploi sont encore moins nombreux dans ce cas (53 %, -13 points), et parmi ceux-ci, à peine plus d’un employé ou ouvrier sur deux ! Reste à voir ce qu’il en serait en cas de retournement brutal du marché de l’emploi.


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