Un plan de relance qui satisfait globalement les économistes

Les économistes, qui ont été beaucoup consultés par Bruno Le Maire depuis le début de la crise, jugent bien calibré le plan gouvernemental, qui sera dévoilé ce jeudi. Mais ils mettent en avant la nécessité de l'adapter à l'évolution de la conjoncture dans les prochains mois et de soutenir aussi les ménages modestes.


Ministry of Economy and Finance of the French Republic in Paris, France on July 17, 2020. (Photo by Lionel Urman/Sipa USA) /30319892//2007191715

C’est un plan de relance typiquement macronien, un plan « en même temps ». Qui soutiendra l’offre mais aussi un peu la demande, qui doit avoir des effets sur la conjoncture à court terme mais aussi s’attaquer aux problèmes structurels du tissu productif et le préparer aux défis de long terme. C’est probablement pour cela qu’il contente la plupart des économistes interrogés par « Les Echos », dont beaucoup ont été consultés par Bercy en amont.

Le plan de 100 milliards d’euros, dont le gouvernement doit donner le détail ce jeudi, « est bien calibré compte tenu des informations dont nous disposons actuellement, c’est-à-dire étant donné l’état sanitaire et économique du pays », considère Elie Cohen, économiste au CNRS. « Globalement, la stratégie économique du gouvernement face au Covid-19 est bonne », réagit pour sa part Gilbert Cette, professeur d’économie à l’université d’Aix-Marseille. « L’urgence, c’est d’éviter la casse, d’éviter que des entreprises structurellement saines ne se retrouvent acculées à la faillite à cause de la pandémie et que les ménages les plus fragiles ne se retrouvent à la rue », considère-t-il. Pour Xavier Ragot, président de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), « c’est un plan massif doté d’une certaine cohérence ».

Questions sur le soutien à la demande en cas d’aggravation de la crise

Si la philosophie d’ensemble – soutenir les entreprises mais aussi certains ménages – est jugée bonne et l’enveloppe globale suffisante, des interrogations se font jour. Certains sont d’avis que les sommes allouées aux ménages modestes et celles destinées à soutenir le marché du travail pourraient se révéler trop faibles. « Peut-être que ce plan va se révéler insuffisant dans trois mois, notamment en ce qui concerne les dépenses sociales », souligne Xavier Ragot.

Il est aussi possible que le marché du travail se dégrade plus. Le gouvernement devra alors être flexible et augmenter le montant du plan, mettent en avant plusieurs économistes. C’est d’ailleurs un des objectifs du plan de relance : redonner confiance aux entreprises pour qu’elles investissent et aux ménages, qui ont accumulé 100 milliards d’euros d’épargne pendant cette crise . Les perspectives en matière d’emplois définiront une partie de l’avenir économique du pays. « Si on arrive à convaincre les ménages que le chômage ne va pas exploser, alors ils consommeront leur épargne », explique Patrick Artus, chef économiste de Natixis.

Baisses d’impôts insuffisantes

L’autre bémol apporté par certains économistes concerne le soutien à l’offre . Elie Cohen juge que « l’enveloppe prévue pour la recapitalisation des entreprises et les apports en fonds propres est sous-dimensionnée ». Le plan prévoit un apport de 3 milliards d’euros qui permettrait à un fonds public de lever 15 milliards d’euros. D’autres craignent que les baisses d’impôts soient insuffisantes. « Suite à cette crise, les entreprises vont chercher à se refaire une santé financière. Elles vont donc aller produire dans des endroits où les impôts sont peu élevés, le coût du travail faible et les compétences de la population active, fortes. La France ne coche aucune de ces cases », déplore Patrick Artus, qui craint une vague de délocalisations.

Certes, le gouvernement prévoit des aides directes aux entreprises pour relocaliser leur production en France mais pour l’économiste, « cela ne peut se faire que dans quelques secteurs ». Il faudrait baisser les prélèvements sur les entreprises. C’est prévu puisque le gouvernement veut réduire les impôts de production de 10 milliards d’euros par an . Mais pour Patrick Artus, « c’est insuffisant pour avoir un effet important sur les relocalisations ».


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