« Sachant qu’un nombre significatif d’adultes, dont des personnes présentant des comorbidités, ne procéderont pas à la vaccination, est-il éthique de faire porter aux mineurs la responsabilité, en termes de bénéfice collectif, du refus de vaccination d’une partie de la population adulte ? » Le Comité consultatif national d’éthique (CCNE), présidé par Jean-François Delfraissy, qui pilote aussi le Conseil scientifique Covid, a rendu son avis en forme de dissertation ce mardi, une semaine après qu’ Emmanuel Macron a annoncé l’ouverture de la vaccination Covid aux 12-15 ans dès le 15 juin.
Le chef de l’Etat est allé un peu vite en besogne, écrit l’organisme indépendant, qui « regrette que l’annonce gouvernementale d’ouverture de la vaccination aux adolescents ait été faite avant que son avis ait été rendu ».
Bénéfice individuel « très limité »
Pour le CCNE, le bénéfice médical individuel que les adolescents pourraient retirer d’une vaccination est « très limité ». Les cas de maladie grave découlant d’une infection Covid sont rarissimes dans cette population. A l’inverse, « le recul existant ne permet pas d’assurer la pleine sécurité de ces nouveaux vaccins chez l’adolescent », souligne le CCNE, qui juge que l’étude réalisée par Pfizer sur les 12-15 ans porte sur un échantillon trop petit pour démontrer clairement l’efficacité vaccinale.
Cependant, il peut y avoir un bénéfice individuel indirect à vacciner les adolescents, poursuit le CCNE, car certains d’entre eux souffrent des restrictions sanitaires qui pourraient être levées s’ils n’étaient plus vecteurs d’infection : dépression et troubles du sommeil, « impossibilité matérielle d’accéder aux cours et à des repas équilibrés en dehors de l’école » qui creusent les inégalités sociales…
Vaccination altruiste
Enfin, il y aurait un bénéfice collectif à vacciner les adolescents pour atteindre l’immunité collective. Avec le variant britannique (alpha), en terrain vierge de toute immunité, une personne contaminée en infecte en moyenne quatre autres. Selon les épidémiologistes, il faudrait donc vacciner 80 à 85 % des Français pour lui barrer la route, soit la quasi-totalité des adultes (ils pèsent 78,5 % de la population totale). Or 20 % d’entre eux ne veulent pas se faire vacciner.
On adopterait donc le principe de la « vaccination altruiste », comme pour la rubéole, un vaccin injecté aux enfants pour protéger, dans leur entourage, les femmes enceintes et surtout le bébé qu’elles portent.
Des alternatives au vaccin
Mais le CCNE n’est pas convaincu que ce soit la meilleure solution, et appelle d’abord à « la responsabilisation des adultes pour éviter la vaccination des jeunes » – autrement dit, vaccinez-vous. D’autant plus qu’il n’y a pas que le vaccin : en période de basse pression épidémique, les opérations « tester-tracer-isoler » doivent suffire à étouffer les départs de feu.
« La pression de la société ne va-t-elle pas implicitement obliger les adolescents à accepter la vaccination ? » s’inquiète-t-il aussi, redoutant une « stigmatisation » des jeunes non-vaccinés.
La recherche du consentement du mineur
En fin de compte, le CCNE demande que l’on ne se contente pas du consentement des parents, mais que l’on recherche « un consentement libre et éclairé » des intéressés, ce qui « impose de fait la délivrance d’une information suffisamment claire et adaptée au mineur, en fonction de son âge et de son degré de maturité ». Au menu : la balance bénéfices/risques ; les alternatives au vaccin.
Le CCNE veut aussi qu’on prévienne les jeunes que même s’ils se font vacciner, ils risquent d’être reconfinés. En effet, les habitants des pays pauvres ont peu d’accès aux vaccins. De nouveaux variants pourraient apparaître chez eux, puis entrer en France. L’Organisation mondiale de la santé ne recommande pas à ce stade de vacciner les adolescents, car il y a déjà fort à faire avec les adultes en Afrique, signale au passage le CCNE.
Cette recherche du consentement pourrait donc être assez longue. Le comité consultatif n’est pas certain que cela sera « compatible avec la durée très courte d’échange avec le professionnel de santé au moment de la vaccination ». Cela ne plaide pas en faveur de l’idée d’organiser des injections à la chaîne dans les collèges et lycées à la rentrée.
« Sachant qu’un nombre significatif d’adultes, dont des personnes présentant des comorbidités, ne procéderont pas à la vaccination, est-il éthique de faire porter aux mineurs la responsabilité, en termes de bénéfice collectif, du refus de vaccination d’une partie de la population adulte ? » Le Comité consultatif national d’éthique (CCNE), présidé par Jean-François Delfraissy, qui pilote aussi le Conseil scientifique Covid, a rendu son avis en forme de dissertation ce mardi, une semaine après qu’ Emmanuel Macron a annoncé l’ouverture de la vaccination Covid aux 12-15 ans dès le 15 juin.
Le chef de l’Etat est allé un peu vite en besogne, écrit l’organisme indépendant, qui « regrette que l’annonce gouvernementale d’ouverture de la vaccination aux adolescents ait été faite avant que son avis ait été rendu ».
Bénéfice individuel « très limité »
Pour le CCNE, le bénéfice médical individuel que les adolescents pourraient retirer d’une vaccination est « très limité ». Les cas de maladie grave découlant d’une infection Covid sont rarissimes dans cette population. A l’inverse, « le recul existant ne permet pas d’assurer la pleine sécurité de ces nouveaux vaccins chez l’adolescent », souligne le CCNE, qui juge que l’étude réalisée par Pfizer sur les 12-15 ans porte sur un échantillon trop petit pour démontrer clairement l’efficacité vaccinale.
Cependant, il peut y avoir un bénéfice individuel indirect à vacciner les adolescents, poursuit le CCNE, car certains d’entre eux souffrent des restrictions sanitaires qui pourraient être levées s’ils n’étaient plus vecteurs d’infection : dépression et troubles du sommeil, « impossibilité matérielle d’accéder aux cours et à des repas équilibrés en dehors de l’école » qui creusent les inégalités sociales…
Vaccination altruiste
Enfin, il y aurait un bénéfice collectif à vacciner les adolescents pour atteindre l’immunité collective. Avec le variant britannique (alpha), en terrain vierge de toute immunité, une personne contaminée en infecte en moyenne quatre autres. Selon les épidémiologistes, il faudrait donc vacciner 80 à 85 % des Français pour lui barrer la route, soit la quasi-totalité des adultes (ils pèsent 78,5 % de la population totale). Or 20 % d’entre eux ne veulent pas se faire vacciner.
On adopterait donc le principe de la « vaccination altruiste », comme pour la rubéole, un vaccin injecté aux enfants pour protéger, dans leur entourage, les femmes enceintes et surtout le bébé qu’elles portent.
Des alternatives au vaccin
Mais le CCNE n’est pas convaincu que ce soit la meilleure solution, et appelle d’abord à « la responsabilisation des adultes pour éviter la vaccination des jeunes » – autrement dit, vaccinez-vous. D’autant plus qu’il n’y a pas que le vaccin : en période de basse pression épidémique, les opérations « tester-tracer-isoler » doivent suffire à étouffer les départs de feu.
« La pression de la société ne va-t-elle pas implicitement obliger les adolescents à accepter la vaccination ? » s’inquiète-t-il aussi, redoutant une « stigmatisation » des jeunes non-vaccinés.
La recherche du consentement du mineur
En fin de compte, le CCNE demande que l’on ne se contente pas du consentement des parents, mais que l’on recherche « un consentement libre et éclairé » des intéressés, ce qui « impose de fait la délivrance d’une information suffisamment claire et adaptée au mineur, en fonction de son âge et de son degré de maturité ». Au menu : la balance bénéfices/risques ; les alternatives au vaccin.
Le CCNE veut aussi qu’on prévienne les jeunes que même s’ils se font vacciner, ils risquent d’être reconfinés. En effet, les habitants des pays pauvres ont peu d’accès aux vaccins. De nouveaux variants pourraient apparaître chez eux, puis entrer en France. L’Organisation mondiale de la santé ne recommande pas à ce stade de vacciner les adolescents, car il y a déjà fort à faire avec les adultes en Afrique, signale au passage le CCNE.
Cette recherche du consentement pourrait donc être assez longue. Le comité consultatif n’est pas certain que cela sera « compatible avec la durée très courte d’échange avec le professionnel de santé au moment de la vaccination ». Cela ne plaide pas en faveur de l’idée d’organiser des injections à la chaîne dans les collèges et lycées à la rentrée.