Face à la fronde des acteurs concernés, Emmanuel Macron a rétropédalé sur le projet annoncé par la Première ministre d’autoriser les distributeurs de carburant à vendre à perte. À la place, il leur demande de « faire un prix coûtant », autrement dit, « que personne ne fasse de marge » afin de faire baisser les prix à la pompe, a-t-il déclaré. Une mesure « inenvisageable » pour les stations-service indépendantes, qui montent au créneau.
« Pour nous, ce n’est pas possible », a déclaré Francis Pousse, président de la branche stations-service et énergies nouvelles au syndicat Mobilians sur BFMTV. Pour les petites stations-service, un prix coûtant revient à « une vente à perte » selon lui. « La définition du prix coûtant, aujourd’hui, c’est le prix d’achat [auquel s’ajoute] le transport. En aucun cas (…), on ne compte des coûts induits, c’est-à-dire la commission carte bleue, le salaire de la caissière, l’amortissement, etc. ».
La « multiplication » des opérations à prix coûtant « va creuser les écarts » avec la grande distribution, craint-il, et de rappeler la demande d’un « fonds de compensation » pour les stations-service indépendantes face à la concurrence.
Des opérations à prix coûtant les prochaines semaines
Les distributeurs, eux, avaient clairement opposé une fin de non-recevoir à la proposition d’Élisabeth Borne sur la vente de carburant à perte, alors que le SP95-E10 s’affichait la semaine dernière à 1,94 euro en moyenne quand le diesel prenait de son côté cinq centimes, passant de 1,88 euro à 1,93 euro. À la place, une poignée d’acteurs de la grande distribution avaient déjà annoncé qu’ils allaient proposer à leurs clients des opérations à prix coûtant, disséminées ici et là dans les prochaines semaines.
TotalEnergies s’est par exemple engagé à ne pas dépasser 1,99 euro du litre de carburant jusqu’à la fin de l’année, et au-delà si nécessaire. « Pour les autres distributeurs qui ne sont pas des raffineurs comme Total, on va demander à leurs raffineurs de nous donner de la transparence, de voir là aussi où il y en a qui profite. Et d’aller chercher leurs marges », a précisé le président de la République dimanche soir, qui a demandé à sa cheffe du gouvernement de rassembler tous les acteurs de la filière du carburant dès cette semaine.
Face à la flambée des prix du carburant, Emmanuel Macron a également annoncé un nouveau coup de pouce : une aide « limitée aux travailleurs » et aux plus modestes et qui pourrait atteindre « 100 euros par voiture et par an », sur le modèle de celle déjà versée au printemps.