“Allô allô !” Au bout du fil, un premier interlocuteur. Il se fait passer pour un organisme tout à fait officiel et nous pousse à ouvrir un compte personnel de formation (CPF). “Il faut juste activer le compte CPF. Je vous appelle pour vous aider à l’activer. Vous avez accès à internet maintenant ?”
Une fois la page ouverte, c’est Benjamin qui entre en scène, au bout du fil. “Je suis le responsable pédagogique”. Pour se connecter, il nous suggère même d’utiliser le compte France Connect. “Comme ça, vous évitez toutes sortes de piratage. Parce que vous savez, il y a des piratages sur le compte formation, et il faut être vigilant.” Il prétend représenter la “Fédération française des formations”, qui serait un organisme semi-public travaillant “avec le CPF”. C’est évidemment faux.
Benjamin me demande quel est le montant disponible sur mon compte, quelles formations j’aimerais faire. Il me propose même des réductions. “S’il y a des formations qui sont à 2 500 ou à 3 000 euors, on peut vous accorder des réductions pour que vous puissiez y assister à 1 000 euros, à 900 ou à 800 euros par exemple.”
“On travaille pour le CPF”
Benjamin affirme qu’il ne fait pas de démarchage téléphonique.
“On n’appelle plus les gens qui ont des comptes qui sont plafonnés.
— Mais comment savez-vous à l’avance que les gens que vous appelez ont des comptes plafonnés ou pas?
— Madame, on travaille pour le CPF. Donc ces informations, c’est tout à fait normal de les avoir.”
L’échange se tend, Benjamin coupe court. “Je vais vous poser une question : est-ce que vous êtes intéressée pour faire les formations avec vote budget CPF, oui ou non ?” “Non, pas pour l’instant.” “D’accord. Merci beaucoup, au revoir.”
Fin de la discussion. Fin de l’arnaque. La proposition de loi déposée par les députés MoDem et Renaissance (ex-LREM) interdit “le démarchage téléphonique, par SMS et par courriel des organismes de formation” et veut mettre fin aux abus. Des milliers de personnes se sont faites arnaquer et le ministère de l’Economie estime le préjudice à plus de 50 millions d’euros. Le texte des députés prévoit jusqu’à 375 000 euros d’amende en cas de fraude.