Les Français ont la bougeotte. Se former, changer de métier, de secteur d’activité ou d’employeur : près de six actifs en emploi sur dix, et près de huit chômeurs sur dix également, se sont lancés ou pensent à le faire, selon le troisième baromètre de l’institut Elabe pour l’Unédic. La crise du Covid a accéléré le mouvement, en témoignent ces milliers de serveurs ou de soignants en quête d’un point de chute plus attractif ou de projet en phase avec leurs aspirations de développement personnel.
Ce foisonnement professionnel, on peut aussi le mesurer au travers de l’activité des associations Transition Pro (AT-Pro). Au nombre de dix-huit (une par région), elles instruisent et financent les dossiers de reconversions individuelles, les PTP. Ce dispositif, qui a remplacé le congé individuel de formation (CIF), a été sauvé de la disparition par les syndicats lors de la réforme Pénicaud de 2018 .
Plus de 20.250 reconversions
Les critères pour être retenu sont restés les mêmes : vraie reconversion, cohérence du projet par rapport au profil de la personne et à la formation visée, perspective d’emploi. Les budgets associés, en revanche, ont été divisés par deux car France compétences, l’instance nationale de régulation de la formation professionnelle, qui gère les fonds issus de la collecte employeur, doit d’abord servir les chômeurs, l’apprentissage et le compte personnel de formation (CPF).
Pour 2021, la dotation des AT-Pro était de 560 millions d’euros. Cette somme a permis de financer un peu plus de 20.250 reconversions, soit 4.400 de plus qu’en 2020, avec un taux d’éligibilité des dossiers présentés de près de 90 %. « Nous aurions pu engager davantage si l’enveloppe avait été plus importante », assure Philippe Debruyne, secrétaire confédéral de la CFDT en charge de la formation professionnelle.
Cette année aura cela de particulier que sur les 560 millions, une centaine a été rajoutée via le plan de relance fléchée sur les salariés d’entreprises en difficulté et désireux de se reconvertir vers un des métiers identifiés comme porteurs par chacune des associations régionales.
Pénurie d’emploi
Celle d’Auvergne Rhône-Alpes par exemple, en a listé 80, bien au-delà des « classiques » comme maçon ou aide à domicile, ce qui montre bien l’étendue des difficultés de recrutement actuelles. L’enveloppe supplémentaire de la relance a d’ailleurs été consommée plus de trois fois, permettant de financer près de 11.800 dossiers, les instructeurs au sein des associations étant obligés de revoir leurs priorités pour répondre à la demande. « La difficulté a plus été de définir ce qu’était une entreprise en difficulté », témoigne Philippe Debruyne.
Pour 2022, les priorités restent celles du plan de relance, mais avec une enveloppe de 500 millions. Si elle s’avère aussi insuffisante, les associations AT-Pro pourront puiser dans les 150 millions prévus pour Transco, le dispositif de reconversion collectif qui, lui, peine à décoller . Cette possibilité aurait été promise par le délégué général à l’emploi et à la formation professionnelle, Bruno Lucas, lors du dernier conseil d’administration de France compétences.