Difficultés de recrutement : les entreprises ont aussi leur part de responsabilité

Les employeurs « exigeants, patients, cherchant peu » et ceux « très exigeants, très patients, investissant beaucoup » sont plus souvent satisfaits que les autres des recrutements qu'ils effectuent, souligne une étude du ministère du Travail.


Prendre la décision d’embaucher est une chose, trouver la personne idoine en est une autre. Si la conjoncture économique est incertaine, la période actuelle est marquée par un retour en force de difficultés de recrutement. Pas un secteur n’est épargné . Pourtant certaines entreprises tirent mieux leur épingle du jeu que d’autres.

C’est sur ce phénomène que s’est penchée la Direction de la recherche du ministère du Travail (Dares), après avoir mis en lumière le poids des conditions de travail dans les difficultés de recrutement . Le document de travail qu’elle a mis en ligne vient rappeler que derrière l’identification au niveau macroéconomique d’un renforcement des difficultés de recrutement peut se cacher au niveau microéconomique un enjeu de stratégie d’entreprise.

Cinq profils

Des travaux ont déjà montré l’impact d’une diversification des canaux de recherche, d’une augmentation des dépenses de recrutement, d’un assouplissement des critères d’embauche ou d’une hausse du salaire proposé. L’intérêt de ceux de Véronique Rémy et Véronique Simonnet est que ces chercheuses de la Dares se sont intéressées aux effets de la combinaison de ces différents types d’efforts sur la qualité de l’appariement du point de vue de l’employeur.

Pour cela, elles ont distingué cinq profils. Les employeurs « exigeants, patients, cherchant peu » et ceux « très exigeants, très patients, investissant beaucoup » diffèrent en ce que les premiers recrutent plus souvent sur des postes non qualifiés, disposent plus rarement d’un service RH et font aussi moins fréquemment partie d’un groupe. Ils ont en commun d’être en général confronté à une tension élevée sur leur marché du travail, voire pour ceux qui investissent beaucoup à des pénuries. Ces recruteurs sont ceux qui sont le plus satisfaits de la qualité de l’appariement : ils déclarent plus fréquemment que si c’était à refaire, ils recruteraient la même personne et sont plus rares à évoquer ensuite une rupture prématurée avec leur salarié.

A contrario, les employeurs « flexibles, pressés, cherchant large » et ceux « pressés, investissant beaucoup » sont ceux qui tirent le moins souvent un bilan positif de leur embauche et évoquent le plus souvent une rupture prématurée avec la personne recrutée. Ils partagent avec les recruteurs « très flexibles, très pressés et investissant peu » le fait de ne pas se trouver dans une situation tendue, qu’il s’agisse du métier concerné, comme de la situation du chômage sur le bassin d’emploi, moins favorable aux salariés. Dans les trois cas, le besoin concerne plus souvent un poste non qualifié.


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