Le diplôme, le sexe, la catégorie sociale des parents, mais aussi la conjoncture l’année d’entrée sur le marché du travail sont des éléments déterminants en matière d’insertion, ont déjà montré les travaux du Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Céreq). Mais il en est un autre : le territoire dans lequel un jeune démarre sa vie professionnelle. L’organisme de recherche vient de publier une étude sur le sujet à partir de son suivi de la génération entrée sur le marché du travail en 2010 sur ses sept premières années sur le marché du travail qui montre son importance.
Pour éliminer la mobilité qui peut résulter du départ de chez les parents et de l’éventuelle installation en couple, le Céreq a laissé de côté les trois premières années pour se concentrer sur les suivantes, en distinguant deux populations en fonction de leur parcours résidentiel : les jeunes sédentaires (un peu plus de quatre jeunes sur cinq) et les jeunes mobiles. Avec un constat : l’intérêt ou pas de bouger dépend à la fois des caractéristiques de la zone géographique et du profil du jeune lui-même.
Parcours résidentiel
Ainsi en est-il pour les jeunes n’ayant pas poursuivi d’études supérieures. Ceux qui habitent dans des zones frontalières sont par exemple avantagés : les auteurs de l’étude prennent l’exemple de « Pontarlier, Morteau, Le Chablais ou même Annecy qui constituent à la fois des zones d’emploi industriel et tertiaire sur place et des zones de résidence de salariés travaillant en Suisse dont les salaires sont majorés ». Les territoires industriels à fort taux d’emploi productif comme les zones de Rouen, Beauvais, Vernon-Gisors, Mantes-la-Jolie, Cholet ou bien encore Villefranche-sur-Saône, qui ouvre sur la Métropole du Grand Lyon sont aussi favorables à leurs jeunes diplômés du secondaire.
Sont également avantagés les diplômés de l’enseignement supérieur qui résident dans des zones où le revenu médian est plus élevé que la moyenne : « Les emplois s’y répartissent avec une part supérieure à la moyenne nationale des activités tertiaires mais aussi des emplois dans l’industrie », souligne le Céreq, qui cite comme exemples de zones métropolitaines au profil économique diversifié celles de Cergy et Melun, satellites parisiens, ou encore la métropole lyonnaise.
Revenu médian
Les mobilités peuvent en revanche offrir une meilleure carrière à des jeunes diplômés du supérieur s’ils quittent une zone d’emploi au revenu médian faible pour une autre où il est plus élevé. Même chose pour certains sortants du secondaire, par exemple dans la vallée de l’Arve spécialisée dans le décolletage ou encore à Ajaccio, dans le tourisme, à Mâcon, Colmar ou Epernay, dans la viticulture et les nombreuses activités qui y sont liées.
Au-delà de ces constats, l’étude du Céreq pointe par ailleurs un bouleversement que pourrait provoquer l’épidémie de Covid-19 , avec la progression de l’importance du critère de qualité de vie dans les choix d’installation des jeunes actifs avec le développement du télétravail « qui pourrait […] transformer la relation emploi-territoire-résidence » pour les emplois qui permettent un travail à distance.