Levier potentiel pour répondre aux difficultés de recrutement des employeurs, la formation des chômeurs figure en haut de la pile des politiques publiques de l’emploi. En témoigne le grand plan d’investissement dans les compétences, le PIC, et ses 15 milliards d’euros lancé au début du quinquennat précédent. Encore faut-il s’assurer que cela améliore l’insertion professionnelle.
Comblant un vide (surprenant) d’études sur le sujet, la Dares, la Direction statistique du ministère du Travail, apporte une réponse qu’elle qualifie de « positive et significative » : la probabilité de retrouver un emploi dans les deux ans après une première formation est plus de 9 points de pourcentage supérieure à celle d’une personne non formée.
Suivi sur le long terme
Précisément, l’effet est très faible dans les six premiers mois, le chômeur formé ayant moins de temps pour ses démarches. Il augmente ensuite avec le temps : 5,7 points de plus dans les 12 mois, puis +8,8 dans les 18 mois et enfin, +9,2 à 24 mois. La trajectoire est un peu meilleure pour l’emploi durable, CDI ou CDD de plus six mois (+6,8, +9,1 et +9,5 points respectivement). Au-delà de deux ans, l’effet « reste persistant » sur l’horizon de temps observé, jusqu’à 36 mois.
Point important, ces chiffres ne prennent pas en compte les embauches dans la fonction publique ou les créations d’entreprise. Ils sont donc potentiellement minorés.
Pour arriver à ces résultats, la Dares a comparé plus de 1,2 million de demandeurs d’emploi entrés en première formation entre 2017 et 2019 avec des demandeurs d’emploi non formés aux caractéristiques similaires. Avec les précautions nécessaires, les données ne pouvant pas mesurer certains paramètres comme la motivation.
L’importance de l’étude vient de sa source : la base de données ForCE, mise en place dans le cadre du PIC justement. Elle combine le fichier des inscrits à Pôle emploi, la base régionale des stagiaires de la formation professionnelle, celle des jeunes suivis par les missions locales et enfin, un traitement statistique issu des déclarations sociales nominatives. Avec ForCE, on peut donc désormais suivre sur le long terme les trajectoires individuelles entre chômage, emploi, et formation.
Adaptation au poste
« L’écart entre formés et non-formés dépend du type de formation suivi ainsi que du type de personne y participant », soulignent les quatre auteurs de l’étude. Les formations qui « paient » le plus sont celles dites d’adaptation au poste, mais cela doit être interprété avec « prudence » car elles sont adossées à un recrutement.
La même prudence s’impose pour ce qui est des plus de 50 ans (+17,1 points) : comme ils retrouvent moins facilement un emploi et qu’ils accèdent moins à la formation, ils peuvent se montrer plus motivés. Les chiffres attachés aux chômeurs de longue durée ou aux handicapés confirment que le rendement est aussi plus élevé pour les plus éloignés de l’emploi. A l’inverse des moins de 26 ans parce qu’ils retrouvent plus vite un travail que leurs aînés.