Garantie de salaires : l’Unédic dénonce des comportements « graves et choquants »

Profitant de la présentation de ses prévisions financières ce mardi, l'Unédic a justifié le licenciement en cours de la directrice nationale de la DUA AGS, Houria Aouimeur. Il lui est notamment reproché d'avoir outrepassé les règles des marchés publics pour des centaines de milliers d'euros.


People take part in a demonstration on the fifth day of nationwide rallies organised since the start of the year, against a deeply unpopular pensions overhaul, in Albi, southwestern France, on February 16, 2023. (Photo by CHARLY TRIBALLEAU / AFP)

Pas lanceuse d’alerte, comme elle se dépeint dans de nombreux médias, encore moins victime d’un complot visant à la faire taire : de manière tout à fait inhabituelle, l’Unédic a profité de la présentation ce mardi de ses prévisions financières pour faire une mise au point sur Houria Aouimeur, directrice nationale de la DUA, l’entité opérationnelle qui gère la garantie de salaires pour les entreprises défaillantes (AGS), en cours de licenciement .

Et quelle mise au point ! Elle met à bas toute la défense de l’intéressée dans ce qui, au fond, ne serait qu’une affaire assez banale d’une « chic fille » qui a « pété un câble » pour reprendre les propos du patron du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux. Sauf que l’affaire, qui met le monde patronal en émoi , fait beaucoup de bruit, du fait d’une « confusion entretenue, voulue, fabriquée », a pointé, quelque peu agacé, le directeur général de l’Unédic, Christophe Valentie. Pour rappel, la DUA est un établissement de l’Unédic.

Manque de coopération

Nommée en 2019, Houria Aouimeur s’est vue confier comme première mission de mener un audit pour vérifier le bon usage par les administrateurs et mandataires judiciaires des fonds versés par l’AGS. Ce qui a été fait via le cabinet EY dans un premier temps.

« Houria Aouimeur se présente comme lanceuse d’alerte. En réalité, elle a été embauchée pour réaliser des audits en bénéficiant de tous les moyens pour cela », a rétorqué le vice-président Medef de l’Unédic, Jean-Eudes Tesson. Le travail a été bien fait, mais en aucun cas l’intéressée n’est à l’origine des faits découverts.

Les choses se sont envenimées en mai 2022 lorsque le comité d’audit du conseil d’administration de l’Unédic décide de mener des audits sur les marchés et les achats dans tout son périmètre, DUA incluse. Après avoir prétexté une charge de travail trop importante pour demander une pause, l’audit a repris mais s’est vite heurté au manque de coopération de la directrice, poursuit Jean-Eudes Tesson.

Non-respect des règles

Compte tenu des premiers éléments qui remontaient, le cabinet PWC a été missionné pour faire la part des choses. Sa copie définitive sera connue sous peu mais à en croire l’Unédic, ils ont confirmé de « graves dysfonctionnements » : pas tant sur le train de vie excessif de la direction que sur des dizaines de faits menaçant l’institution, du fait notamment du non-respect des règles internes ou de passation de marché public.

Ce que l’on a constaté est gravissime, c’est choquant.Jean-Eudes tesson Vice-président Medef de l’Unédic

« Nous avons identifié plusieurs marchés qui ne respectent pas, et de très loin, ces règles », a insisté le vice-président de l’Unédic. Il s’agit notamment d’un contrat de sécurité informatique qui, en cumul, a coûté près de 500.000 euros et dont le livrable n’a été produit par le prestataire que fin décembre dernier alors qu’il était en cours depuis 2020. « Selon le rapport de PWC il s’agit d’un copier coller de ce que l’on trouve sur Google », affirme une source proche.

« Ce que l’on a constaté est gravissime, c’est choquant. En quarante ans de vie professionnelle je n’ai jamais vu cela […] C’est un peu le salon des dysfonctionnements et de la fraude réunis », a résumé Jean-Eudes Tesson. « En tant que responsable d’un organisme de protection sociale, nous serons totalement intransigeants sur les règles et le respect d’une éthique », a ajouté la présidente CFDT de l’Unédic, Patricia Ferrand.

Tous deux le martèlent : cette affaire, de pure gestion, n’a absolument rien à voir avec les plaintes judiciaires en cours, contrairement à ce que les avocats de Houria Aouimeur défendent. « Nous attendrons la fin du rapport PWC pour juger si le dossier n’est que disciplinaire […] ou s’il peut relever d’une qualification plus grave », a indiqué Christophe Valentie.

Contactée, Houria Aouimeur a dénoncé des « attaques répétées, à charge, fondées sur un énième rapport non contradictoire, destiné à me détruire […] et dont les auteurs savent que tous les paiements faits sous ma direction le sont par mon seul employeur ». « La justice tranchera, je suis sereine », a-t-elle ajouté.


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