Le patronat déchante. Le « choc d’offre » qu’il attendait grâce à la suppression en 2023 de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) n’aura peut-être pas lieu. Selon nos informations, le gouvernement étudie l’hypothèse d’ étaler sur deux années cette mesure à 8 milliards d’euros, afin de se donner un peu de marge budgétaire pour le nouveau bouclier tarifaire sur le gaz et l’électricité, qui promet d’être coûteux, alors que les perspectives de croissance sont plus sombres.
Un tel scénario constituerait un revirement par rapport aux engagements pris par la Première ministre , Elisabeth Borne, et par le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, il y a seulement quelques semaines.
Au Medef, cette nouvelle suscite la colère. « Nous ne méconnaissons pas l’état des finances publiques, le Medef fait partie des rares voix à alerter sur le sujet. Mais vu ce qui est abondamment distribué par ailleurs, nous ne comprendrions pas que la CVAE soit une variable d’ajustement budgétaire au moment où les entreprises souffrent également de l’inflation, d’une intensification de la concurrence internationale et doivent aussi investir dans leur décarbonation », réagit Patrick Martin, le président délégué de l’organisation patronale.
Promesses de Hollande
Celui-ci n’a pas envie de revivre le scénario d’il y a quelques années, quand François Hollande avait annoncé la suppression d’un autre impôt de production (la C3S) sans tenir toute sa promesse. « On a trop vu de décisions reportées dans le passé, ou étalées sur plusieurs années, comme la réduction du taux de l’impôt sur les sociétés à 25 % », renchérit-il, en rappelant que la suppression de la CVAE avait été confirmée à l’université d’été du Medef fin août tant par Elisabeth Borne que par Bruno Le Maire. « La parole de l’Etat doit être tenue, sans quoi un doute s’installera dans nos esprits quant à la réalité de la poursuite de la politique de l’offre », poursuit-il.
« Supprimer en une fois cet impôt qui pèse sur la production est beaucoup plus efficace d’un point de vue économique », abonde le dirigeant d’un groupe industriel.
Campagne présidentielle
En pleine campagne présidentielle, le patronat – Medef, UIMM et France Industrie – avait réclamé une baisse supplémentaire des impôts de production de 35 milliards d’euros, s’ajoutant aux 10 milliards déjà passés lors du premier quinquennat Macron, malgré une équation budgétaire tendue.
« Le surcroît de charges est la principale raison à la désindustrialisation vécue depuis trente ans », jugeait Alexandre Saubot, à la tête de France Industrie . Celui-ci a pu réitérer ses arguments vendredi soir, lors de l’entretien qu’il a eu avec Elisabeth Borne.